Il avait encore du mal à réaliser qu’il était père. Depuis plusieurs jours maintenant, c’était encore plus réel. Il le voyait tous les jours, le réveillait les matins, mangeait avec lui les soirs, lui apprenait à nourrir les vaches, l’emmener sur des balades à cheval, il lui faisait même le bisou du soir pour qu’il s’endorme. Depuis plusieurs jours sa vie avait prit une toute autre tournure. Il était trois heures du matin et pourtant il était là dans l’embrasure de la porte à le regarder dormir. Il n’arrêtait pas de se demander où cela allait tous les mener. La cohabitation avec Allie et Marianne était des plus tendues et pourtant il essayait de ne rien paraitre devant Tom car il n’y était pour rien. Et après ces jours à le connaître, il ne voyait plus sa vie sans lui, il se sentait fier d’être son père et parfois, parfois il se surprenait à penser qu’ils étaient une famille, Tom, Allie et lui. Parfois.
Puis Marianne revenait à la charge et il retombait dans la réalité de leur situation. Encore ce soir ils s’étaient disputés. Ils n’arrivaient plus à communiquer et il se demandait parfois si ça venait de lui ou d’elle. Etait-il prêt à lier sa vie à la sienne alors qu’il venait d’apprendre qu’il était père ? Arriverait-il à concilier son ancienne vie et sa nouvelle et futur ? Il voulait y croire mais plus il avançait et plus cela devenait flou. Il n’y avait que ce petit bout endormit dans l’obscurité qui avait un sens. Il voulait être un bon père pour lui. C’était tout ce qu’il voulait. Peu importe s’il devait abandonner ses projets, ses fiançailles avec Marianne, si elle l’aimait, elle devait le comprendre, le soutenir.
**
« Tu vois pas qu’en étant ici ils ne font que nous séparer ? » La voix de Marianne s’était élevée dans la chambre alors qu’il faisait les cents pas.
« C’est de mon fils dont tu parles Marianne ! »
Il s’appuya sur le meuble en bois, ses mains puissantes se crispant sur la paroi alors qu’il fermait les yeux et essayait de se calmer. Une énième dispute avec elle. Il l’aimait, oh oui il l’aimait mais il était fatigué de toujours devoir se justifier, toujours devoir la rassurer. Ne pouvait-il pas juste le soutenir ? Il n’avait pas demandé à être père mais maintenant il l’était et il n’allait pas abandonner à la moindre difficulté.
« Je ne parle pas de lui. » Siffla-t-elle alors qu’elle passait sa main devant son visage et se détournait de lui.
« Allie. » Lâcha-t-il.
Elle s’était entêtée à croire qu’il y avait toujours quelque chose entre elle et lui. Elle avait tord, c’était du passé. Elle était son présent et son futur. Il ne faisait ça que pour Tom. Mais Marianne voyait bien les regards en coin qu’ils se lançaient quand l’autre ne regardait pas, ou encore quand ils se croisaient à l’entrée, ils arrivaient à peine à se dire bonjour. Elle voyait bien qu’une tension existait encore entre eux. Mais il n’avait pas envie de savoir quelle tension était encore là. Ca faisait trop d’années.
Il avait perdu le fil de la conversation quand elle lui cria dessus, agrippant sa chemise pour qu’il la regarde, lui réponde. Ils se regardèrent un moment mais il ne répondit pas ce qui enragea encore plus Marianne. Elle claqua la porte et le laissa seul. Ce soir ils feraient chambre à part comme depuis plusieurs jours.
**
Il referma doucement la porte de la chambre de Tom et descendit les escaliers du ranch pour rejoindre la cuisine. Un pot de beurre de cacahuètes trônait sur la table et il s’en saisit, lisant l’inscription « pas bon pour kaleb et moi ». Dans un sourire il rangea le pot et referma la porte du placard, ce n’est qu’en se retournant qu’il aperçut une silhouette à l’entrée de la pièce. Elle s’approcha doucement et il reconnut les formes qu’il avait tant aimé caresser.
« Insomnies ? » Demanda-t-il simplement avec un petit sourire.
Il s’empara de deux tasses et fit couler du café, presque naturellement. Comme s’il revenait des années en arrière, quand rien ne comptait mis à part leurs escapades nocturnes. Son regard croisa le sien, ses prunelles intenses qui n’avaient jamais cessés d’exister en lui, et il sentit une sensation étrange lui brûler le torse. Il détestait Marianne pour avoir insinuer le doute en lui. En fait il se détestait surtout pour arriver à douter quand elle était si près de lui.
Allie Dewez Admin
Messages : 51 Date d'inscription : 24/05/2010
Sujet: Re: Only if for a night... Mar 22 Mai - 12:26
« Alors dis-moi… La vie à New York est aussi excitante que tu l’imaginais ? » A cette question Allie se raidit imperceptiblement mais offrit un sourire de façade. Elle se concentra sur l’assiette qu’elle tenait entre ses mains, essayant de la sécher plus que de raison, avant de lever le nez et croiser le regard de Mamé qui l’observait avec attention. Elle se mordit la lèvre, puis haussa les épaules, un voile dans le regard et la vieille femme lui donna un coup d’épaule, faisant apparaître un sourire sincère cette fois. Tenace, elle ne voulait pour autant pas s’en tenir là. « J’aimerais comprendre ce qui s’est passé tout de même… Vous étiez si… » Elle ne finit pas sa phrase quand un éclat de voix leur parvint de l’étage. Les deux femmes devinrent silencieuses, Allie rouge de confusion devant une scène qui devenait habituelle. Depuis qu’elle s’était installée au ranch avec Thomas, la tempête soufflait chez les jeunes fiancés. Elle ne pouvait réellement blâmer Marianne, elle se serait également transformée en dragon si Kaleb avait eut le malheur de fréquenter une de ses ex petite amie sous son nez. Encore plus si cette dernière lui avait fait un enfant. « Ils sont heureux tous les deux… Je veux dire… » « Allie… » « Je suis consciente Mamé d’avoir fait beaucoup de mal. Je le sais ce n’est pas la peine de le diminuer. Tout ça m’ira si je sais qu’il peut être heureux. » « Ce ne sera jamais pareil. Vous étiez fait pour être ensemble. Marianne est une gentille fille, elle l’a aidé à sortir de sa coquille. Mais elle ne pourra jamais te remplacer… » « Mais je ne crois pas qu’on puisse réparer ce qui a été brisé entre nous… » « Oh tu te trompes Allie ma chérie. Il n’y a rien qui t’es impossible. » « Non… Non je crois que j’ai fais assez de mal… » Elle lâcha le torchon qu’elle tenait et sortit à l’extérieur. Elle étouffait à l’intérieur, autant qu’elle s’y sentait chez elle. Et cette sensation était en train de la rendre dingue. Elle croisa Thomas qui gambadait encore près du paddock. « Il est tard cowboy. Va donc te laver le museau et te préparer à te coucher. » « Kaleb me lira une histoire ! » « Oui… » Le petit passa comme une fusée à côté d’elle. « Et n’oublie pas de te brosser les dents ! » « D’accooooord ! » Elle secoua la tête, esquissant un sourire, puis continua sa route.
***
Elle ne revint qu’après un long moment. Thomas était déjà couché et Mamé s’était retirée dans sa chambre. La maison était enfin calme. Allie retourna à la cuisine, sortit une cuillère et le pot de beurre de cacahouètes et piocha allégrement à l’intérieur. La cuillère dans la bouche elle alla dans le salon, récupérer une liasse de journaux. Elle y passerait le temps mais finirait bien par trouver. Sur le seuil de la cuisine elle s’arrêta surprise parce qu’elle n’était plus seule. Le pot avait disparu et elle ravala sa frustration. La nourriture était depuis longtemps devenue un exutoire. Trop longtemps, soupira-t-elle en posant le regard sur la haute stature de Kaleb. Elle passa une main dans ses cheveux devenus de la paille. C’était injuste, avec le temps il était devenu aussi beau qu’un dieu grec, bien qu’au lycée déjà il se faisait remarquer, et elle elle n’était plus qu’une grosse dindon.
« Euh… Nan j’ai perdu l’habitude de me coucher avec les poules c’est tout… » Le taquina-t-elle. Pas de télé ici. On passait les soirées ensemble à discuter puis chacun se retirait dans sa chambre car il fallait se lever tôt le lendemain. La vie au ranch était un peu rude mais elle ne manquait pas de charme. « Hum en fait je voulais aussi surtout prendre le temps de regarder les petites annonces… Il semblerait que je garde le job à l’épicerie finalement. Du coup je peux envisager de prendre un petit appart. C’était gentil de nous héberger mais je ne crois pas que ça doive durer trop longtemps. » Elle se stoppa, et nerveuse entortilla une mèche de cheveux autour de son index. « Je le pensais tu sais, que tu puisses prendre ta place auprès de Thomas. Je pense qu’il te connaît assez pour accepter maintenant la vérité. Et tu pourras le voir quand tu veux… Merci...» Souffla-t-elle en se saisissant de la tasse offerte.
Kaleb Hawkins Admin
Messages : 54 Date d'inscription : 24/11/2009 Age : 34 Localisation : Jacksonville
Sujet: Re: Only if for a night... Mar 22 Mai - 17:55
Ses mains étaient moites sur le plan de travail. Il se souvenait encore de l’effet qu’elle avait sur lui quand ils étaient au lycée. Elle était la plus populaire pour tant de raisons, surtout parce qu’elle était belle comme une poupée et qu’elle avait des formes généreuses que bien des hommes avaient eut envie d’empoigner. Mais il l’avait désiré pour tant d’autres raisons. Notamment le petit air qu’elle prenait quand elle réfléchissait ou encore le sourire qui se logeait sur ses lèvres quand il lui chatouillait les hanches. Il y avait tant de raisons. Il n’était pas tombé amoureux de son physique mais de la personne qu’elle était à l’intérieur. Il avait vu à travers elle ce qu’elle avait du mal à admettre. Qu’elle n’était pas la personne que tout le monde voulait qu’elle soit. Elle était bien plus. Il l’avait apprit à ses dépends. Quand elle était partit pour vivre son rêve quand lui son seul rêve était de continuer sa vie avec elle.
« La vie à New York devait être différente c’est sûr… la ville que ne dort jamais… » Souffla-t-il, un sourire en coin. Il savait qu’il n’avait rien à lui offrir à l’époque comparé à ce qu’une grande ville comme New York avait pu lui offrir. Encore aujourd’hui il n’avait rien de plus à lui proposer, il n’avait toujours pas de télé, arrivait à peine à accepter d’avoir un téléphone portable, passait encore son temps à lire des bouquins alors qu’il aurait pu faire tellement plus. Il avait juste peur d’en oublier les vraies valeurs.
Il comprit que le pot de beurre de cacahuètes était sur la table pour elle quand il vit la cuillère et dans un sourire, il réouvrit le placard, se saisit du pot et le fit glisser sur la table jusqu’à elle, un fin sourire aux lèvres comme pour lui dire qu’il ne savait pas et qu’il était désolé. Si lui ne pouvait pas manger de cette mixture sans enfler de toutes parts, il n’avait rien contre l’idée qu’elle finisse le pot. Il baissa le regard quand il sentit une pointe de nervosité ponctuer ses propos. Elle faisait allusion à ses disputes avec Marianne et il s’en voulait que tout le monde puisse entendre leurs conversations houleuses. Il hocha la tête quand elle fit référence à Thomas et il la remercia d’un sourire. Il voulait vraiment faire partie de sa vie à présent. Il avait tellement de choses à rattraper. Il ne voulait pas qu’il manque d’un père maintenant qu’il l’avait retrouvé. Il lui présenta la tasse et resta silencieux un moment. Il s’appuya contre le plan de travail, pour seule lumière la lune éclairant la cuisine par la fenêtre. Après quelques secondes à contempler la tasse de café entre ses mains, il releva finalement la tête vers elle et planta son regard dans le sien.
« Je peux te poser une question ? » Il attendit qu’elle fasse un hochement de tête ou un signe qui l’incite à continuer et il se racla la gorge avant de reprendre.
« Pourquoi tu es revenue de New York ? Je croyais que c’était ton rêve… » Il ne voulait pas être désagréable en lui demandant ça. Loin de là, depuis qu’ils s’étaient revus, c’était la première fois qu’il n’y avait pas d’amertume dans sa voix. Il voulait juste savoir si elle avait réalisé son rêve. Juste savoir si elle avait été heureuse pendant tout ce temps. Car rien ne comptait plus que son bonheur. Il n’avait jamais voulu autre chose que ça. C’est pour ça qu’il ne l’avait pas retenu à l’aéroport, c’est pour qu’il était arrivé trop tard, car il ne voulait pas détruire son rêve. Si elle était heureuse à New York, pour rien au monde il ne se serait mit en travers de son rêve.
« Enfin je veux dire… est-ce que c’était ce que tu voulais… est-ce que t’as réalisé ton rêve là-bas ? »
Parce que ça le soulagerait de savoir qu’elle y avait été heureuse, juste pour que son absence ait été moins vaine. Juste pour qu’il se dise que son sacrifice, qu’elle n’ait pas été près de lui pendant plus de cinq ans ait servi à au moins la rendre heureuse.
Allie Dewez Admin
Messages : 51 Date d'inscription : 24/05/2010
Sujet: Re: Only if for a night... Mar 22 Mai - 21:55
Est-ce qu’elle aurait eut le droit de lui dire qu’en vivant à New York elle n’avait pas eut l’idée de se racheter une télé ? L’envie ne lui était jamais revenue. A la place elle s’était prit une carte à la bibliothèque et même lorsque son ventre rond l’empêchait de trop bouger, elle n’avait jamais hésité à faire le déplacement. Vivre avec la famille de Kaleb lui avait ouvert de nouvelles perspectives. Elle ne se rendait compte qu’aujourd’hui à quel point ils lui avaient tous manqué, et même si la situation était farfelue et plutôt dérangeante, une partie d’elle se réjouissait d’être de retour au ranch. Plus que jamais elle s’y sentait chez elle, et bien plus que chez sa propre mère. Elle faisait enfin de vrais nuits, et ne redoutait pas le moindre de ses gestes.
« Oui c’est très différent… » Ici elle était connus de tous, à New York elle n’avait pu compter que sur elle. Elle était devenue la reine des bons plans. Elle avait trouvé une voisine qui gardait le petit les nuits quand elle servait, et en retour elle gardait ses enfants en journée. Les heures de repos étaient rares et elle avait apprit à vivre en dépendant de café et de boissons énergisantes. Son propriétaire était un petit vieux qui adorait venir frapper à sa porte aux heures où elle était sensée prendre sa douche. Pour l’adoucir et obtenir un délai supplémentaire elle le laissait loucher dans son décolleté. Elle ne l’avouerait jamais mais elle avait fait les poubelles de certains supermarchés, histoire de récupérer quelques yaourts. Le même sachet de thé pouvait servir toute la semaine. Mais le petit Thomas lui avait toujours eux des couches, de la crème pour ses fesses et des petits pots gastronomiques.
Souriant elle attrapa le pot de beurre de cacahouètes à la volée et ne se fit pas prier pour y tremper à nouveau sa cuillère. Occupée à déguster la pâte brunâtre, elle pouvait éviter de loucher sur Kaleb, et son corps décidément magnifique, et ne pas se laisser gagner par des idées peu catholiques. Ils s’étaient aimés, ça on ne pouvait pas en douter, dans tous les recoins de ce ranch, avec passion, et répétition. Elle plongea à nouveau la cuillère dans le pot lorsqu’il laissa parler sa curiosité, puis la plongea dans sa tasse et touilla distraitement le mélange. Elle en goûta une gorgée du bout des lèvres et parut satisfaite, mais cela ne lui ôta pas sa nervosité. Tapotant de l’ongle sur sa porcelaine, elle essayait de trouver les bons mots. Elle savait seulement qu’elle ne pouvait pas mentir. De toute façon il le devinerait.
« Non en fait c’était très différent de ce que j’aurais pu penser. Mon appareil est tombé en panne au bout de six mois, et je n’ai jamais vraiment approché de galerie depuis. J’étais serveuse. Une très mauvaise serveuse… » Elle rit un peu puis se mordit la lèvre. Quiconque la connaissait et aurait essayé de l’imaginer avec un plateau aurait rit aussi. Dire qu’elle était la star au lycée, celle à qui on promettait un brillant avenir. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle avait déçu.
« En revanche ici les choses ont l’air d’aller plutôt bien. Il paraît que vous fournissez pratiquement toutes la ville et au-delà… C’est incroyable… »
Kaleb Hawkins Admin
Messages : 54 Date d'inscription : 24/11/2009 Age : 34 Localisation : Jacksonville
Sujet: Re: Only if for a night... Mer 23 Mai - 0:28
Il aurait aimé qu’elle lui dise que tout avait été génialissimement bien à New York, juste pour qu’il ne regrette pas de l’avoir laissé partir mais il voyait à son air qu’elle avait fait une erreur. Et il s’en voulait. Il s’en voulait de l’avoir laissé faire cette erreur toute seule. Il aurait du partir avec elle ou la retenir mais il aurait du lui montrer qu’il était là. Que peu importe le choix qu’elle voulait faire, il la soutiendrait. A l’époque il était trop jeune et trop fier pour réagir ainsi mais maintenant, cinq ans plus tard, il voyait son erreur. Il était celui qui l’avait abandonné et pendant toutes ces années il s’était caché derrière en prétextant que c’était elle qui était partit. Mais c’était faux. Il était tout autant responsable.
« Oh… t’avais tout pour réussir en tous cas… » Lâcha-t-il sincèrement, agrippant sa tasse de café alors qu’il se tenait de son autre main sur le plan de travail derrière lui.
Il la regarda rire et il se rendit compte à quel point son rire lui avait manqué et faisait remonter tout un tas de souvenirs. A l’époque il ne vivait que pour l’entendre rire. Il aimait la chatouiller jusqu’à ce qu’elle le supplie d’arrêter, pleurant de rire. Il aimait qu’elle le remercie d’un baiser et qu’il recommence à nouveau à la chatouiller. Juste pour avoir un autre baiser. Juste pour écouter encore et encore son rire et le bonheur qu’elle pouvait lui procurer. Un sourire se logea sur ses lèvres et il la regarda quelques secondes, fasciné par la beauté et la force qu’elle pouvait dégager. Qu’elle avait toujours eut sans s’en rendre compte. Elle s’était toujours dévalorisée mais elle valait tellement bien plus que la plupart des filles. Elle était vraie, sincère et tellement talentueuse. Elle était toujours à rendre service et à voir le bien même là où il n’y était pas. Elle était son tout, son monde, son avenir. Et il se rendait compte à présent qu’il n’avait jamais ressentit pareil sentiment pour une autre personne.
Au bout de quelques secondes de silence, il sortit de sa rêverie et hocha la tête en passant sa main dans son cou. Il doutait. Il doutait trop.
« Ouais on s’est pas mal répandu depuis quelques années. » Répondit-il le plus modestement possible. Kaleb ne s’épanchait jamais sur ce qu’il faisait. Mais avec elle s’était différent. Il avait envie de parler, de lui raconter tout ce qu’il avait vécut sans elle. Il en arrivait même à oublier Marianne.
« En fait après la mort de mon père, j’allais abandonner le ranch et puis je me suis dis que j’avais pas tout sacrifié pour rien. » Par tout sacrifier il voulait bien entendu parler d’elle. Elle était la seule pour laquelle il aurait tout sacrifié et pourtant c’est elle qu’il avait sacrifié. La plus grosse erreur de sa vie. « Mamé m’a poussé à m’y mettre et elle a bien fait. J’ai pas à me plaindre, les affaires tournent plutôt biens. »
Il finit son café et posa la tasse sur le plan de travail, elle résonna dans un bruit sourd et il se tut. Il y avait tellement de tensions entre ces anciens amants, tellement de non-dits, tellement de regrets. Et puis en même temps c’est comme s’ils se retrouvaient six ans en arrière quand ils n’arrivaient pas à dormir et qu’ils se mettaient à cuisiner. Ca finissait toujours en bataille de nourriture et ils se faisaient réprimander par Mamé mais jamais, oh grand jamais ils n’étaient plus heureux. C’était des moments de bonheur qu’il n’était pas prêt à laisser s’échapper et encore aujourd’hui il n’avait qu’une envie. Retourner à cette époque. Quand tout était simple. Quand il n’y avait qu’eux dans cette cuisine. Eux et leur amour.
« Tu sais… je suis venu à l’aéroport. » Sa phrase fut lâchée soudainement, dans un murmure.
Il avait besoin qu’elle sache. Il avait besoin de se justifier, de lui montrer qu’il s’était accroché à chaque parcelle de ses souvenirs. Il voulait qu’elle sache que leur histoire avait compté. Qu’elle avait été la personne la plus importante pour lui. Mais qu’il n’avait pas su retenir. Il ne la lâcha pas du regard, essayant de trouver une réponse, une entente dans ses yeux.
« Trop tard mais je suis venu. Je crois que je l’ai fais exprès pour ne pas me mettre en travers de tes rêves. »
Allie Dewez Admin
Messages : 51 Date d'inscription : 24/05/2010
Sujet: Re: Only if for a night... Mer 23 Mai - 2:20
« Sauf un appareil qui fonctionnait… » Plaisanta-t-elle en essayant de ne pas s’appesantir sur un rêve raté. On lui avait dit qu’elle avait du talent oui mais aujourd’hui était-elle encore prête à y croire ? Pas vraiment. Ses photos méritaient sans doute de figurer dans un album de famille ou d’être publiées dans le journal du lycée mais pour le reste il n’y avait pas de quoi se retourner. En réalité cela faisait un moment qu’elle n’y pensait plus vraiment. Les rêves avaient laissé place à la réalité brute. Elever son enfant, lui apporter le meilleur, c’était ce qui la portait aujourd’hui. Parfois elle se disait qu’elle avait réellement été stupide de croire en cet espoir qu’on mettait en elle, auquel même sa mère lui avait fait croire. Ce qu’elle n’avait pas comprit c’était que la mégère avait cru que la beauté de sa fille lui ouvrirait les portes d’un beau mariage. Ce qu’Allie faisait le moins bien en définitive.
Parfois elle se reprenait, essayait de se tenir plus droite et d’arrêter de mâchouiller ses lèvres. Mais c’était compliqué. Kaleb la rendait nerveuse. Très nerveuse. Dans son regard elle voyait tout un tas d’émotions différentes se succéder et elle ne savait à laquelle donner la primeur. Ce dont elle était sûre c’était qu’en parlant du ranch elle avait visé juste. La physionomie du beau cowboy s’était transformée à la mention de son fief et cela lui faisait comme un baume au cœur. Kaleb n’aurait jamais pu être un autre homme que celui qu’il était aujourd’hui.
« Bien ? Les gens se jettent sur vos produits à l’épicerie. Je crois que ton père serait fier de toi. » Avoua-t-elle tout simplement en penchant le visage sur le côté, un tendre sourire aux lèvres. Elle l’était. Elle avait entendu ce qu’on disait de lui, la façon dont les gens le considérait. Comme un homme qui avait réussit, un homme responsable, mais surtout généreux. Elle avait l’impression que toute la ville s’était mise en tête de lui faire comprendre ce qu’elle loupait, ce à quoi elle avait tourné le dos. Mais elle n’avait pas besoin de leur aide, depuis quelques jours elle assistait sans cesse à son erreur.
Elle sirota sa tasse avec douceur, le goût du sucre sur la langue. Le tic tac léger de l’horloge de la cuisine l’apaisait, en même temps que la présence de Kaleb. Lui ce grand gaillard qu’elle avait connu timide et hésitant, devenu un homme. Elle avait assisté à ce miracle presque seule, sous le couvert de leur couette. Dire que ses copines « populaires » lui avait tourné le dos quand elle avait commencé à passer tout son temps avec les amis de Kaleb, elles n’avaient rien comprit ces idiotes. Puis soudain elle se raidit. Relevant le regard elle croisa le sien, et ne sut que faire. Pourquoi avouait-il ça maintenant ? A quoi bon ? Qu’est-ce que cela changerait ? Elle se leva brusquement, allant poser sa tasse dans l’évier.
« Trop tard ? Arrête… Tu ne sais pas ce que tu dis. Quand… » Elle porta une main à ses lèvres, tremblante, luttant contre les larmes qui montaient à ses yeux. Après leur dispute elle s’était sentie perdue. Partir à New York lui avait semblait la seule issue possible. Comment rester ici et le voir passer à autre chose ? Comme aujourd’hui avec Marianne ? Elle n’en avait pas eut la force. Elle s’était crue seule. Savoir qu’il avait traîné des pieds, qu’il l’avait laissée partir, c’était en quelque sorte bien plus douloureux que de se dire qu’ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre.
Kaleb Hawkins Admin
Messages : 54 Date d'inscription : 24/11/2009 Age : 34 Localisation : Jacksonville
Sujet: Re: Only if for a night... Jeu 24 Mai - 1:02
Il avait toujours admiré ses photographies. Elle avait du talent et il avait toujours essayé de la pousser à réaliser ses rêves mais quand il avait sut qu’ils étaient à New York, il n’avait pas très bien réagit. Et parfois il vaut mieux se quitter en pensant que tout est fini pour aller de l’avant. Leur dispute avait été assez brutale. Mais elle avait été nécessaire car ils n’auraient pu tenir. Elle ne serait peut être pas partie s’ils étaient encore ensemble. Il n’aurait peut être pas continué la ferme s’ils ne s’étaient pas quittés. Peut-être que ça avait été leur destin, leurs choix qui les menaient cinq ans après dans cette cuisine, à essayer de trouver un sens à leur vie.
Il baissa la tête quand elle fit référence à son père et il détourna un instant le regard. Il avait été très proche de son père, c’était comme un modèle pour lui. Il avait toujours voulu lui ressembler. Il avait voué un amour inconditionnel à sa mère même après sa mort. Il n’avait jamais refait sa vie car elle était la seule pour laquelle il avait eut envie de vivre. A sa mort, il était juré de toujours élever Kaleb avec son souvenir. Et c’est comme s’il avait toujours connu sa mère car son père en parlait avec telle passion, qu’il avait l’impression de revivre tous les moments qu’ils avaient passé. Il avait toujours rêvé de vivre un amour aussi pur et fort que celui de ses parents. Avec Allie il avait cru à ce lien inébranlable. Jusqu’à ce qu’elle parte à New York. Aujourd’hui même si la réalité le frappait de plein fouet, il avait encore du mal à savoir.
Il n’aurait peut-être pas du. Il n’aurait peut-être pas du remuer le couteau dans la plaie. C’était du passé, il aurait du laisser ça au passé. Mais il avait besoin qu’elle sache. Parce qu’avec Marianne, elle pouvait se poser des questions, penser qu’il avait facilement tourner la page mais ce n’était pas vrai. Il lui avait fallut quatre longues années pour finalement se permettre de se rouvrir à quelqu’un. Il la regarda se lever et s’approcher de l’évier. Elle était si près qu’il pouvait sentir l’odeur de sa peau et la chaleur de son corps. Il la laissa faire, ne bougeant pas, hypnotisé par sa présence. C’était comme si plus rien n’existait autour d’eux. Il n’y avait qu’elle qui comptait. Il l’avait tellement attendu longtemps que maintenant qu’elle était là, il avait du mal à la laisser partir.
« Tu sais on s’est dit beaucoup de choses avant que tu partes… pas toutes n’étaient vraies… » Souffla-t-il faisant référence à leur dispute. Il avait juste envie de la serrer de toutes ses forces contre lui. Elle semblait si vulnérable. Il avait l’impression de revenir des années en avant. Il sentit qu’elle était trop touchée par ses paroles et il secoua la tête, se relevant légèrement.
« Je devrai pas, je suis désolé… c’est le passé je sais… » Lâcha-t-il finalement en passant près d’elle pour quitter la pièce.
Mais il n’avait pas fait un pas qu’il sentit son bras frôler le sien et il ne put retenir la folie qui explosa en lui. Il se retourna vivement vers elle, empoigna son visage de poupée entre ses mains et l’embrassa avec toute la passion qui ne l’avait jamais quitté. Ce baiser avait un goût de café/beurre de cacahuètes mais il le prolongea, glissant ses mains dans le bas de son dos pour l’attirer encore plus à lui. C’était un geste insensé, une folle ivresse mais il avait goûté à nouveau à ses lèvres et il ne pouvait déjà plus s’en passer. Il se sentait à nouveau vivre, à nouveau renaître. Comme s’il n’avait jamais oublié le goût de ses baisers, il redécouvrait pourtant toutes les sensations pour lesquelles il s’était battu alors que tout le monde les voyaient échouer. Personne n’avait plus cru à leur histoire que lui. L’air lui manquait mais il n’avait pour rien au monde envie de mettre fin à cet échange. C’était passionnel, fou, interdit et pourtant c’était si juste, si réel. Si Marianne avait su glisser le doute en lui, Allie en était la certitude. La certitude qu’elle était la seule. La seule femme faite pour lui.
Allie Dewez Admin
Messages : 51 Date d'inscription : 24/05/2010
Sujet: Re: Only if for a night... Jeu 24 Mai - 21:45
« Je sais… » Admit-elle dans un souffle. L’orgueil et la colère étaient les deux ennemis les plus sûrs d’une relation amoureuse. Et ils y avaient tous les deux cédé. Il s’était produit une rupture dans leur couple au moment où tous deux devaient faire des choix pour leur vie future. Motivations différentes, pressions familiales, incertitudes… Le cocktail avait été explosif. Avec le recul Allie pouvait se dire avoir testé les sentiments de Kaleb pour elle. Elle aurait voulu le voir se battre pour la faire rester et non pas abdiquer comme il l’avait fait. S’il avait eut le courage de se montrer à ce foutu aéroport, à temps, elle n’aurait même pas lutté. Une fois à New York il était trop tard, elle n’aurait supporté faire demi-tour et devoir courber l’échine. Surtout avec la crainte que lui soit passé à quelque chose d’autre.
Elle savait mais elle ne voulait pas voir les choses dites. Pas 6 ans après quand tout était trop tard, que leur vie étaient maintenant si différentes qu’ils ne pouvaient pas se rejoindre. A quoi bon ? Il était fiancé bon dieu ! Fiancé à une demoiselle qui sans doute devait le rendre heureux. C’est ce qu’elle entendait dire et ce dont elle voulait se persuader. Elle n’estimait pas valoir plus que cette personne là, et devoir lui reprendre. Mais elle s’avouait volontiers que les rares fois où elle les avaient vus échanger des gestes tendres, elle s’était imaginé que c’était ses lèvres qu’il embrassait ou sa peau qu’il touchait. Des années après, elle se souvenait toujours de ce que cela faisait d’être dans ses bras.
Immobile, elle ne voulait pas encourager la conversation. Les souvenirs, les sentiments encore présents, tout ça menaçait de la bouleverser complètement et d’engendrer des gestes qu’elle pourrait bien regretter. Elle ne vit pas que le trouble était commun. Elle ne le vit pas faire volte face, seulement elle se sentit agrippée avec une force peu commune et avant qu’elle ne comprenne quoi que ce soit, ses lèvres effleuraient les siennes, leurs souffles se mélangeaient et le contrôle perdu. Elle voulu d’abord le repousser, accolant ses paumes contre son torse dont elle eut tout le loisir de découvrir la fermeté. Mais à mesure que les battements de son cœur s’emballaient, elle sentait sa belle résistance s’envoler, et elle se hissa sur la pointe des pieds pour mieux se donner à lui. Ses mains se refermèrent autour de ses bras et elle se sentit fondre de désir. Aucun autre homme ne l’avait tenue dans ses bras. Pas un seul n’aurait pu soutenir la comparaison. Il avait effacé tous les autres. A la seconde même où ils avaient échangé leur premier, elle avait été perdue pour les autres hommes. Mis à part ce petit bout d’eux.
Ils rompirent enfin le baiser et elle sentit ses jambes flageoler. L’estomac rempli de papillon, elle fit un pas en arrière. Elle avait une furieuse envie de lui arracher sa chemise et elle se savait capable de céder. Elle remit en place le col de sa chemise, un geste qu’elle avait aimé avoir pour lui, puis lui offrit un sourire timide. Puis elle se figea. Dans l’embrasure de la porte, Marianne la fixait avec hostilité. Qu’avait-elle vu ? Allie fit quelques pas de côté, rouge de confusion. La belle brune fondit sur elle et lui administra une claque majestueuse, qui lui chauffa la joue et la laissa chancelante.
Kaleb Hawkins Admin
Messages : 54 Date d'inscription : 24/11/2009 Age : 34 Localisation : Jacksonville
Sujet: Re: Only if for a night... Lun 23 Juil - 0:15
Il n’avait pas prévu qu’elle revienne dans sa vie. Il n’avait pas prévu d’en aimer une autre. Il n’avait pas prévu d’avoir un enfant. Et surtout il n’avait pas prévu de l’embrasser. Même après tant d’années, il ressentait cette putain de sensation dans le ventre. Même après tant d’années, leurs lèvres se retrouvaient naturellement dans un baiser si passionné et si vrai. Il n’avait jamais cessé de l’aimer. Il n’avait jamais cessé d’attendre son retour. Il n’avait juste pas prévu de continuer à vivre sans elle.
Ses lèvres quittèrent les siennes et doucement, faisant glisser son doigt sur sa joue, il remit une mèche de cheveux derrière son oreille avant de laisser tomber son bras le long de son corps. Il plongea son regard dans le sien, un sourire sur le visage quand elle remit le col de sa chemise, comme elle l’avait tant l’habitude de le faire avant ça. Il allait remonter sa main vers sa joue quand elle se figea. Un frisson lui parcourut le dos. Il avait un mauvais pressentiment. Il n’eut pas le temps de se retourner que Marianne les rejoignait et administra une claque magistrale à Allie. Instinctivement il s’interposa et se positionna dos à Allie, agrippant les mains de Marianne. Leurs regards se croisèrent quelques secondes avant qu’elle ne détache ses mains de son emprise et le gifle à son tour. Il ne cilla pas et accusa le coup en serrant les mâchoires.
« Marianne… »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle lui administra une seconde gifle. Il l’avait mérité. Oh oui tellement. Il n’était pas ce genre d’hommes et pourtant… pourtant il l’avait fait.
« Mais comment tu peux… » Elle hoqueta sous les sanglots qui commençaient à la prendre par surprise. Elle l’aimait tellement. Et même si elle avait toujours su qu’il ne s’était pas entièrement donné à elle, elle avait pensé qu’avec le temps il l’aimerait enfin de toute son âme. Jusqu’à maintenant.
« J’ai accepté qu’elle vienne vivre sous notre toit pour que tu vois ton fils et tu me fais ça avec cette trainée ?! »
« Je t’interdis de l’appeler comme ça ! » Il sentit son sang bouillir en lui et il fit un pas en avant vers Marianne. Elle fixa son regard dans le sien et quelque chose se brisa. Quelque chose se brisa en elle, quelque chose se brisa en lui. Mais surtout quelque chose se brisa entre eux. Elle venait de se prendre la vérité de plein fouet. Il venait de dévoiler la part de lui qu’il n’avait jamais voulu lui donner. Parce qu’elle n’appartenait qu’à Allie. Et ça, Marianne s’en rendait compte à présent. Elle n’avait pas d’autre choix que de s’en rendre compte.
Elle resta interdite, le regardant avant de hoqueter, et de quitter la pièce. Il resta un moment immobile, dos à Allie avant de se retourner lentement vers elle. Il lui lança un rapide regard avant de suivre Marianne et de laisser Allie seule dans l’obscurité.
**
Il était presque huit heures quand il se réveilla. Il avait dormit sur le canapé et il avait encore mal au dos. Marianne s’était enfermée dans la chambre toute la nuit et il avait attendu qu’Allie aille se recoucher avant de rejoindre le canapé. Il avait mit de longues minutes avant de s’endormir, il ne savait plus où il en était pourtant il n’avait pas peur de ce que ça pouvait signifier. Il avait juste peur de faire le mauvais choix. Il se leva difficilement, passant sa main sur son visage pour se réveiller, ce qui fit revenir en lui les souvenirs de la veille, sa joue chaud par la gifle qu’il venait de prendre. Il se traîna jusqu’à la cuisine, lieu du crime, et se figea. L’anneau or était posé sur la table.
Il s’approcha et le prit dans sa main avant de le serrer dans son poing et de fermer les yeux. Finalement il se laissa tomber sur la chaise et sa tête heurta la table en bois. Elle était partie. Il le savait. Il releva finalement la tête et prit l’anneau du bout des doigts. Il resta fixé sur le petit rond qui avait tant de signification et qui pourtant n’en avait plus à présent. C’était fini. v