*Caramel et noisettes. Noisettes ou noix de pécan. Les noisettes c’est mauvais pour la peau ça c’est sûr. Et pourquoi pas du riz soufflé ? Ou l’option barre de céréales ultra light ? Oui mais avec du chocolat c’est mieux. Puis faut bien fêter… *
« Un chirurgien est demandé chambre 12… Un chirurgien… »
Benjamin releva le nez et s’éloigna du distributeur automatique, oubliant cette obsession qu’il avait de noyer la moindre des émotions qu’il ressentait sous une tonne de nourriture. Il avança de son pas lourd dans les couloirs de l’hôpital, un peu coincé dans sa blouse étroite. Forçant le pas ses joues se colorèrent rapidement de rouge, mais pour autant il ne voulait pas ralentir. A son passage il récoltait les regards bienveillants des infirmières, ceux respectueux de ses collègues, et ceux plus moqueurs des patients qu’il n’avait pas en charge. Bonhomme joufflu pesant presque trois fois le poids qu’il devait normalement faire, il ne laissait personne indifférent, que ce soit par son physique ingrat ou le génie de son cerveau.
« Docteur O’Neill… Le dossier. » « Merci Marge. » Fit-il en accordant un sourire radieux à la jeune stagiaire. Il plongea aussitôt dans les pages du rapport médical tout en continuant à avancer et une moue chagrinée se dessina sur son visage. C’était bien jeune pour souffrir d’un problème cardiaque. Et bien dommage. D’autant plus quand il croisa le regard de la jeune malade et découvrit une belle blonde à l’air fatigué. Mais même la maladie ne pouvait pas vraiment gâter sa beauté. « Bon nous avons jeune femme de type caucasien. Souffrant d’une affection du ventricule droit. En attente de greffe et ne répondant que moyennement aux traitements proposés. » Benjamin se renfrogna d’avantage, il n’appréciait pas l’attitude de certains de ses collègues qui à force de tailler dans la chair oubliaient qu’ils avaient face à eux des malades qui pouvaient être effrayés par tout ce jargon médical un peu barbare. Benjamin regarda à nouveau la jeune femme. Outre le fait que le cas était intéressant, il avait bien envie de voir un sourire sur ces lèvres pâles. « Bonjour Sarah je suis le docteur O’Neill. Je suis celui qui va vous remettre sur pied. » Son collègue haussa un sourcil et se tourna à moitié vers lui. « Vous pouvez faire confiance au docteur O’Neill en effet. Son génie est à la mesure de son tour de taille. » Sur ces mots bien sentit, le médecin et toute sa cour d’admirateurs quitta la chambre, laissant Benjamin seul face à la jeune malade. « Pardonnez mon collègue il oublie qu’il a un cœur en parfait état de marche. » Dit-il en rigolant, un peu comme un enfant l’aurait fait. « Blague de chirurgien. » S’excusa-t-il, alors que son menton tremblotait toujours sous le coup des rires. Il laissa de côté le dossier qu’il tenait entre les mains puis s’approcha du lit. « J’étais sérieux mademoiselle Fowles. Je vous sortirais de là. En attendant je vais modifier votre traitement, quelque chose de plus léger mais qui vous donnera assez de force pour sortir un peu de cette chambre. Vous êtes déjà allée faire un tour dans les salles communes ? »
Sarah Fowles Admin
Messages : 8 Date d'inscription : 03/06/2012
Sujet: Re: How i met you Sam 23 Juin - 1:44
Elle était tellement insouciante avant ça. Avant tout ça, elle n’accordait que très peu d’importance à sa santé, à son alimentation, à ses fréquentations. Avant ça, elle profitait pleinement de la vie. Puis elle avait apprit sa maladie et elle avait fait comme si de rien n’était. C’est peut-être un peu à cause de son insouciance qu’elle était dans cet état à présent. Elle n’avait juste pas été assez forte pour voir la gravité de la situation. Mais elle ne regrettait rien. Car elle avait pu vivre tous de son adolescence, elle avait pu faire toutes les bêtises, celles qu’elle ne pourrait plus faire à présent. Elle avait pu tout ressentir. Ou presque.
La douleur se fit plus intense et elle se plia d’avantage dans le lit, sa tête enfoncée dans l’oreiller. Voilà des semaines, voire plus qu’elle passait de chambre en chambre, de docteur en docteur. Elle n’y croyait plus à présent. Si aucun docteur ne pouvait comprendre et trouver un traitement, c’est qu’il n’y en avait pas tout simplement. Elle entendit un attroupement dans sa chambre et ne prit même pas la peine de se relever. C’était tellement habituel. Elle en devenait un animal de foire, tous là à s’agglutiner pour voir « le cas ». C’était sans doute ça le pire. Ce n’était pas de savoir que sa vie était quasiment foutue mais bien de constater qu’elle n’était plus que réduit à un cas de médecine important à résoudre.
Elle releva la tête de l’oreiller quand elle entendit sa voix. Quelque chose dans sa voix. Elle était différente de celles des autres médecins. Il était différent. Elle glissa son regard jusqu’à lui, imposant dans cette chambre si réduite, et leur yeux se croisèrent enfin. Elle rompit le contact quand un médecin prit la parole et une grimace sarcastique se logea sur ses lèvres pâles.
« Ca c’est sur que si je répondais au traitement j’serai pas là à me coltiner votre baratin. » Marmonna-t-elle en ramenant la couverture contre elle et croisant les bras contre sa poitrine.
Personne à ses côtés. Voilà longtemps qu’elle était seule. Elle avait perdu ses parents il y a de ça quelques années. Elle n’avait jamais voulu dire s’ils étaient décédés ou si elle avait tout simplement rompit tout contact. Le sujet de ses parents était un sujet véritablement sensible et personne n’avait eut la chance de savoir. Alors comme toujours, elle se retrouvait seule dans ce lit d’hôpital, même pas une amie à qui tenir la main. Et ça lui convenait ainsi. Au moins elle n’avait pas à entendre quelqu’un pleurnicher à ses côtés quand elle avait juste envie de rire à chaque mot des médecins.
Elle reporta son attention sur Benjamin quand il se présenta et elle ne répondit rien. Elle se contenta de le regarder. Encore un qui allait essayer. Encore un qui allait échouer. Mais comparé à tous les autres il avait l’air sincère, il avait l’air de la prendre pour une humaine et non un cas médical. Elle tourna son visage vers l’autre médecin –qu’elle avait en dégoût depuis le début- et poussa un soupir.
« On peut pas vous retourner le compliment… Si seulement votre génie était ne serait-ce qu'à la hauteur de votre petit doigt… » Répondit-elle sarcastiquement alors qu’elle jubilait de les voir enfin partir.
Elle sentit sa présence et elle se demanda pourquoi il était encore là. Pourquoi ne voulait-il pas juste abandonner. Ca serait plus facile pour tout le monde, une perte de temps en moins. Et puis elle n’aurait pas à subir encore un interrogatoire, encore des questions sur comment elle se sentait, comment sa respiration était de plus en plus saccadée. Elle en avait plus que ras le bol qu’on la prenne pour un rat de laboratoire. Si ça voulait dire vivre dans une chambre d’hôpital jusqu’à la fin, elle préférait encore mourir plus rapidement mais en étant chez elle. Elle ne réagit pas à sa blague, sachant qu’elle, à l’inverse n’avait plus un cœur en état de marche. Mais à vrai dire, elle fut étonnée, agréablement, qu’il fasse une blague sur sa maladie. Au moins il la traitait différemment que tous les autres. Et ça lui plaisait. Un léger sourire se logea sur ses lèvres quand elle le vit rire. Léger sourire qui disparut rapidement quand il s’approcha du lit.
« Pour quoi faire ? Une réunion de cancéreux pour se lamenter sur les repas dégeux qu’on nous sert à 5h de l’aprem comme si on était des poules ? C’est pas comme si on avait pas toute la journée pour bouffer… »
Elle rabattit la couverture sur son ventre et détourna un instant le regard du sien pour le fixer au loin. Elle n’avait besoin de personne. Elle avait toujours marché ainsi, ça n’allait pas changer car un lourdingue de docteur voulait pour la centième fois l’aider à guérir. Elle s’était fait une raison après tout.
« Ecoutez, j’ai pas besoin de votre pitié de docteur, changez mon traitement, okay, c’est vous le doc’ je vais pas vous contredire mais sachez juste une chose… prenez pas de gants avec moi, je suis pas du genre à chialer parce que je vais être une loque toute ma vie, aussi courte soit-elle, je veux juste pas pourrir dans cet hôpital et avoir pour dernier souvenir l’odeur ignoble du couloir. Vous pouvez faire ça pour moi docteur O'Neill ou c’est trop vous demander ? »
Benjamin O'Neill Admin
Messages : 9 Date d'inscription : 04/06/2012
Sujet: Re: How i met you Dim 24 Juin - 14:39
Elle avait un esprit piquant et de l’humour et il adorait ça chez les autres mais il y avait aussi chez cette jeune femme une telle colère qu’il en arrivait à se sentir un peu désolé pour elle. Il fixa un temps le dossier qu’il tenait entre ses doigts boudinés et qui au final ne disait pas grand-chose sur l’être qu’elle était. Il décida donc qu’il devrait avancer à petit pas et ne pas lui sortir le grand jeu tout de suite, mais plutôt l’apprivoiser comme on le faisait avec un animal sauvage. Car s’il y avait bien une chose dont était certain le jeune médecin, c’était que la guérison passait également par un bon mental. Elle devait y croire, retrouver un peu la foi. Soulagé de voir ses collègues partir, il l’observa avec plus d’attention, voyant qu’elle se renfermait sur elle-même. Elle avait des cernes immenses, et pour une jolie fille prenait bien peu soin de son apparence ce qui était inquiétant. Il prit une chaise pour s’y assoir, la faisant grincer sous son poids.
« Ce n’est pas que je peux. C’est que je vais le faire Sarah. Vous permettez que je vous appelle par votre prénom ? » Il esquissa un faible sourire, ne sachant si elle le verrait puisqu’elle refusait obstinément de regarder dans sa direction. Mais de cela il en avait l’habitude, bien peu de gens soutenaient son regard.
« Mais j’ai besoin de votre aide parce que j’ai beau être très doué, en toute modestie, je ne peux pas faire le travail seul. Je me doute que vous avez envie d’être ailleurs qu’ici. A votre place je préférerais me bouger le popotin sur un dancefloor et ne pas m’inquiéter de devoir prendre des traitements. Vous devez être en colère et vous avez raison, votre place n’est pas ici. Mais si on pouvait choisir avec quelles cartes on doit jouer, je ressemblerais à Brad Pitt. » Son rire s’éleva à nouveau, un rire un peu porcin. Il n’attendit pas de voir si son petit discours l’avait inspiré, il vérifia les perfusions de la jeune femme et décida qu’il y avait de quoi tenir pour l’après-midi et sortir un peu de cette chambre.
« Premier jour de votre nouvelle vie Sarah. On commence par sortir de ce lit et se peigner les cheveux. On fait un tour à la cafet’ et en bon prince que je suis, je vous dirais ce qui vaut vraiment le détour sur la carte. En plus je suis pote avec le cuistot, j’ai toujours le droit à des extras. Et puis on y va sans fauteuil roulant, parce que vous voulez pas avoir ma cellulite le jour où vous irez vous bronzer sur la plage. Je vous donne deux minutes. »
Il se leva pesamment, et sortit de la chambre pour lui laisser un peu d’intimité et le temps de se refaire un visage pour affronter le monde extérieur. « Et on ne râle pas ! » Il ferma la porte derrière lui et aussitôt Marge vint à nouveau à sa rencontre. « Vous me passez avec du 10milligrammes seulement Marge. Ces imbéciles ont pas encore compris que plus c’est moins. » « Bien docteur. » Puis elle esquissa un sourire. « Vous allez lui faire faire le grand tour pas vrai ? » « Oui. » répondit Benjamin avec un regard complice. « Cette fille-là a besoin de se rendre compte que son cœur bat encore. » La porte derrière lui s’ouvrit et il se retourna. « Prête ? » Et sans attendre de réponse il l’entraîna dans les couloirs, direction la cafétéria.
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How i met you
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