Sometimes it lasts in love but sometimes it hurts instead.

« Thom… Thom mon ange réveille toi… » Souffla Allie en caressant doucement son ventre. Les yeux du bambin papillonnèrent et il s’étira en baillant, lui offrant un demi sourire encore ensommeillé. Elle aimait ce genre de moments, parce qu’ils valaient tous les sacrifices qu’elle avait pu faire.
« Allez debout mon ange, il va falloir que j’aille travailler… » Fit-elle en le réveillant tout à fait, pour s’extirper ensuite avec difficulté de l’arrière de sa voiture. « Tu veux manger quelque chose ? » demanda-t-elle en essuyant son visage avec une lingette humide et en l’habillant alors qu’il était encore abrutit par le sommeil.

Ils se trouvaient sur le parking de l’épicerie où elle travaillait et ils venaient de passer leur troisième nuit dans la voiture. La mère d’Allie n’avait rien loupé de sa discussion avec Kaleb et elle ne s’était pas gênée pour partager sn avis avec sa fille. Elle avait descendu le pauvre jeune homme comme elle savait si bien le faire, arguant qu’il n’avait fait que jouer avec elle et que c’était encore aujourd’hui le cas. Qu’il était incapable de prendre des décisions adultes et qu’il n’y avait pas pire base adn que celle de paysans pour sa progéniture de rêve. Heureusement, disait-elle, l’esprit Dewez dominait chez l’enfant. La dispute avait été violente. Pour la première fois Allie avait perdu tout respect pour l’être qui lui servait de mère. Non seulement elle n’avait pas apprécié les insultes dirigées contre son enfant, mais elle avait encore moins pu avaler les reproches faites à Kaleb. Elle n’avait jamais comprit cette haine que sa mère lui vouait, parce qu’il n’avait été rien d’autre que positif dans sa vie. Lorsqu’elle l’avait rencontré elle s’engageait sur un mauvais chemin et c’était lui qui lui avait donné de vraies valeurs et un équilibre. C’était comme ça qu’elle avait pu devenir forte et survivre à son séjour à New York. Jamais elle n’aurait réussit avec toutes les débilités que sa mère essayait de lui faire entrer dans le crâne. Alors elle avait rassemblé ses affaires tout entassé dans sa voiture, sortit son fils de son lit et elle était partie sans un regard en arrière, avec toutes les peines du monde pour arriver à déterminer comment elle avait pu croire au soutien de cette femme.

« Qu’est-ce que tu fais ? Il faut cracher le dentifrice… » Fit-elle en faisant une démonstration à son fils, buvant une gorgée d’eau en bouteille pour recracher sur le bitume.
« C’est sale de cracher par terre. »
« Thomas mon cœur mais c’est comme ça que font les vrais aventuriers. Tu n’as pas oublié notre jeu pas vrai ? »
« Je veux être un cowboy moi pas un aventureur… » Fit-il en frottant ses yeux de ses poings, l’air bougon.
« Thom… » Commença-t-elle avant de se taire, se relevant un brin surprise.

« Mamé… Ka-…leb… » Elle jeta un rapide coup d’œil à sa montre. « On ne sera ouvert que dans une demi-heure » fit-elle, plutôt mal à l’aise en bafouillant. Il fallait absolument qu’elle emmène Thomas prendre un petit déjeuner correct, et si elle ne s’asseyait pas quelques minutes sur une banquette digne de ce nom, son dos allait finir par lâcher. Pour ne rien arranger, Thomas se mit à pleurer parce qu’il ne voulait vraiment pas devenir un aventureur, il expliqua entre deux sanglots qu’il ne voulait pas dormir dans la voiture mais dans la paille et que non de non il ne cracherait plus par terre.

"Une demi heure s'il vous plaît..." dit-elle alors qu'elle sentait que les larmes menaçaient de déborder.

« Tu es bien matinal ce matin. »

La voix de Mamé le sortit de sa rêverie et il leva le regard vers elle, tasse en main. A vrai dire le sommeil était absent depuis quelques jours. 3 jours pour être précis. Il n’avait pas encore prit sa décision, il n’en avait même pas parlé à Marianne ou Mamé. Bien que cette dernière se doutait de quelque chose. Elle n’était pas stupide, elle le connaissait comme personne. Il était chamboulé depuis le soir où il avait emmené Tom en sortie. Elle voyait dans son regard la tristesse et le doute. Et elle était désarmée face à la situation. Elle posa sa main sur l’épaule de Kaleb et déposa un baiser sur son front. Elle était toujours là pour lui, quoi qu’il arrive. Il ne sait pas comment il aurait fait sans Mamé dans sa vie. Elle était son repère, son guide. Encore aujourd’hui elle le soutenait, même si elle ne savait rien de ses problèmes.

« Je ne voulais pas réveiller Marianne en faisant les cent pas dans la chambre. »
« Ou alors ne voulais-tu pas croiser Marianne ce matin ? Comme depuis trois matins d’ailleurs… »
« Mamé… »

Elle fit un signe de main sur sa bouche pour lui signifier qu’elle était muette et il reposa son regard sur sa tasse. Et si elle avait raison ? Il fuyait Marianne en ce moment car il savait qu’elle allait voir le malaise qui l’habitait. Il ne savait pas comment lui dire encore moins comment elle allait réagir. Comment lui dire qu’il ne voulait pour l’instant pas d’enfants avec elle mais qu’il en avait déjà un de cinq ans ? Il avait trop peur de la perdre. Au fond de lui, il aimait Allie et il l’avait toujours aimé mais Marianne était là. Il l’aimait vraiment. Et lui faire du mal était la dernière chose qu’il souhaitait.

« J’aimerai aller à l’épicerie, tu sais, celle où Allie travaille… »
« Demande à Diego de t’y emmener en fin de matinée… »
« Non Diego est un piètre conducteur. Tu as le temps aujourd’hui non ? »
« Mamé je… »
« Oh Kaleb s’il te plait, on peut y aller ce matin, à l’ouverture, tu peux même m’y déposer avant, j’attendrai… »

Il la regarda et vit un sourire apparaître sur les lèvres de la vieille dame. Elle savait qu’elle avait gagné. Il hocha la tête en souriant et finit son café. Il n’aurait pas à la croiser. Il ne devait pas la croiser, car après cette nuit, il ne savait comment agir avec elle et surtout avec Tom. Une heure plus tard, ils étaient dans la voiture en direction de la petite boutique. Son cœur faillit lâcher un battement quand il aperçut la scène. Elle était là, avec Tom. Il sentit ses mains se crisper sur le volant et s’arrêta non loin de leur voiture. Mamé se tourna vers lui et lui fit un regard dur qui voulait dire « viens dire bonjour sale malpoli sinon tu passeras un mauvais quart d’heure ce soir ». Il roula des yeux et défit sa ceinture alors qu’elle descendait du pick-up et qu’il lui emboitait le pas.

« Ma petite chérie… » Souffla Mamé alors qu’Allie les regardait avec surprise.

Mains dans les poches, Kaleb baissa son regard, essayant de le cacher derrière son chapeau. Il était gêné de cette situation. Il y avait Tom, il y avait Mamé. Et il y avait Allie. Il porta son attention sur son fils et il sentit une pointe de regret lui bouffer le ventre. Il s’en voulait d’être là et de ne pas agir en tant que père. Il hocha la tête quand Allie leur demanda de revenir et il fit demi-tour quand il fut arrêté par la tête brune courir vers lui. Il se retourna vers lui et ouvrit les bras pour accueillir la tornade qui venait de se réfugier contre lui. Ses bras se refermèrent sur lui et il releva le regard vers les deux femmes en face de lui. Mamé se tourna vers Allie et le regard triste et incrédule s’approcha d’elle.

« Qu’est ce qui se passe ma chérie ? »

Kaleb regarda l’échange entre les deux femmes, appuyant son regard sur Allie. Il aurait aimé emmener Tom loin de tout ça mais elle lui avait interdit de l’approcher. Il ne savait comment réagir. Il attendait un signe.

Elle avait envie de se réfugier dans les bras de Mamé. La vieille femme avait toujours été pour elle un synonyme de famille et de sécurité et nombreux de ses conseils avaient été les fondements de la personne qu’elle était aujourd’hui. Elle avait même essayé d’élever Thomas selon ses principes et avait ignoré toute attitude qui aurait pu lui faire penser à sa propre mère. Au ranch elle avait vraiment fait partie de quelque chose et c’était ce qui l’avait porté pendant tout ce temps. Mais elle résista à son envie. Elle tenait toujours la brosse à dents dans sa main, et quand elle faisait le bilan de sa vie elle avait honte. Elle était incapable de s’en sortir seule et elle obligeait son fils à dormir dans une voiture. La présence de Kaleb n’arrangeait rien à son malaise, maintenant qu’elle savait que lui s’était construit une vie et qu’elle n’en faisait définitivement pas partie. Elle aurait voulu empêcher Thom de courir se réfugier dans les bras de Kaleb mais elle ne pouvait lui en vouloir de chercher son réconfort. Combien de fois s’était-elle elle-même pressée contre son large torse pour respirer son odeur et calmer ses inquiétudes ?

Mamé s’avança encore et Allie secoua la tête en coulant un regard vers Thomas. Elle ne voulait pas craquer devant lui ni devoir expliquer leur situation, ce que Mamé comprit très bien puisqu’elle se tourna vers les deux hommes et dit. « Va donc offrir un petit déjeuner digne de ce nom à ce petit. Et ne revenez pas avant un moment on doit parler entre femmes. »

Un fin sourire perça sur le visage d’Allie à travers les larmes qui perlaient à ses yeux. Elle sentit la poigne ferme de la grand-mère l’attraper par l’épaule et la serrer contre son énorme poitrine et une fois que Kaleb et Thomas furent assez loin elle ouvrit les vannes. La vieille femme la berça avec douceur, jusqu’à ce que les larmes cessent puis elle la força à se redresser et ferme elle dit. « Et maintenant tu vas tout m’expliquer. » Un regard à la voiture chargée de bagages lui avait suffit pour renifler les ennuis.

« Oh Mamé je me suis mise dans une situation impossible. » Et alors qu’elles allaient s’installer dans le magasin Allie raconta la dispute violente qu’elle avait eut avec sa mère et les propos qui avaient été au cœur de ce conflit. Il fut difficile à Mamé de cacher un sourire quand elle découvrit que la jeune femme avait prit la défense de son ancien petit ami. Elle n’avait jamais douté du lien qui unissait ces deux là, leur rupture restait encore un mystère pour elle. Ce qui l’inquiétait vraiment c’était que la jeune femme et son arrière petit-fils se retrouvent à la rue.

« Tu vas venir au ranch Allie. Une voiture n’est pas le lieu où on peut élever un enfant. »
« Mamé non c’est impossible. C’est beaucoup trop… compliqué. Je veux dire la situation… »
« Tu veux parler du mariage ? » fit-elle avec sa franchise légendaire.
Allie cacha son visage derrière ses paumes en soupirant. « Oh Mamé je ne pourrais pas survivre à ça. C’est déjà trop dur de vivre dans la même ville et de devoir se comporter comme des étrangers. »
« Ce ne sera qu’un temps ma belle. Le temps pour toi de trouver une meilleure solution à ta situation. Le camping sauvage dans la voiture doit s’arrêter, tu vas y laisser ta santé… » Elle tapota la main de la jeune femme, se voulant réconfortante puis redressa la tête en entendant des bruits de pas.

« Tiens voilà nos hommes correctement nourris. On va pouvoir leur annoncer la bonne nouvelle. »

La tête brune enfouie dans sa chemise ne décolla pas. Il serrait son père tellement fort, oui il pouvait ainsi s’appeler. Père. Il était père. Son regard descendit sur l’enfant dans ses bras et il ressentit un sentiment inconnu. Il avait le devoir et l’envie de protéger ce gosse, il se sentait protecteur et pour rien au monde il n’aurait voulu l’éloigner de lui. Il avait été bête de croire que réfléchir loin de lui allait tout arranger. Il n’avait pas le droit de lui faire ça. Il s’en rendait compte à présent alors qu’il le serrait contre lui. Sa main se posa sur la tête de l’enfant et il lui caressa les cheveux alors qu’il remontait le regard vers les deux femmes quand Mamé prit la parole. Il ne réagit pas tout de suite, ses yeux cherchèrent une réponse dans ceux d’Allie. Il avait besoin de sa permission. Il hocha la tête après quelques secondes et tapota le dos du gamin.

« Allez viens bonhomme, un cowboy doit avoir le ventre plein pour commencer sa journée ! »

Tom se mit légèrement à sourire et sécha d’un revers de main ses larmes avant de courir pour rejoindre le pick-up. Kaleb jeta un dernier coup d’œil aux deux femmes alors que Mamé attirait déjà Allie contre elle. Il sentit un pincement le tirailler de la voir dans cet état. Il se demandait bien ce qui avait pu se passer, si c’était sa faute, si c’était à cause de lui qu’elle était aussi malheureuse. Une pointe de regret et de remords se logea dans son ventre et il serra la mâchoire pour ne rien paraître, rejoignant à son tour le pick-up. Il n’avait jamais eut l’intention de lui faire du mal. Bien au contraire, fut un temps il n’avait voulu que son bonheur. Fut un temps, elle n’était que son bonheur.

Assis sur la banquette du Tomato Fest, Kaleb buvait son café alors qu’il ne quittait des yeux l’enfant en face de lui en train d’engloutir la tarte aux noix de pécan qu’il avait commandé. Il ne lui fallut guère de temps pour la finir et s’attaquer au milkshake vanille. Il ne savait pas si c’était là le meilleur des repas équilibré mais c’était nouveau pour lui et il avait juste envie de lui faire plaisir. Tom posa son milkshake sur la table et joua un instant avec sa paille avant de fixer son regard sur le grand brun pour qui il avait tant d’admiration.

« Pourquoi on t’as plus vu avec maman ? »

La question était légitime et il posa sa tasse sur la table avant de croiser ses mains et de regarder à son tour le gamin, se raclant la gorge.

« Hum, j’avais pas de mal de trucs à faire Tom. Des choses à régler au ranch. »

Il aurait voulu que ce soit si simple, Tom hocha la tête et il but à nouveau son milkshake en réfléchissant. Il était intelligent, trop. Il avait prit ça de sa mère. Car bien qu’au lycée, elle se donnait un air, elle était beaucoup plus intelligente qu’elle n’avait voulu le montrer. Il l’avait découvert quand ils avaient du étudier ce bouquin. Elle n’était pas ce qu’elle reflétait et encore aujourd’hui il le savait. Elle méritait tellement plus.

« Maman sait même pas comment on devient un cowboy ! »

Kaleb esquissa un sourire et il s’enfonça dans la banquette pas très confortable du restaurant. La candeur et la naïveté de l’enfant était une chose inconnu pour lui et pourtant il avait l’impression de l’avoir vu grandir. A défaut qu’il ne l’avait pas élevé.

« Hein qu’un cowboy ça dort pas dans une voiture mais dans la paille avec les chevaux ? »

Kaleb hocha la tête pour appuyer ses dires et afficha un sourire mais derrière cette façade, il se posait beaucoup plus de questions. Il était mal à l’aise face à cette situation. Il n’arrivait pas à savoir pourquoi elle en était arrivée là. Il avait l’impression d’avoir un rôle à jouer mais il était perdu.

« Vous dormez depuis longtemps dans la voiture ? »
« 3 nuits, maman dit que c’est pour s’amuser, pour devenir un cowboy… mais je crois en fait qu’elle s’est disputée avec mamie… »

Il essaya de remonter le moral de Tom et après avoir bavardé pendant quelques minutes, ils prirent à nouveau la route pour retourner à la boutique. Il ne savait pas trop quoi en penser. Ni même quoi faire. Il avait envie de les aider mais il n’avait pas de solution. Il pouvait bien leur payer l’hôtel, il leur devait bien ça. Alors qu’ils rejoignaient la boutique, Tom s’approcha de lui et lui prit la main. Il trouva ce geste naturel, bien trop naturel. Il poussa la porte de la boutique et il s’arrêta à quelques pas de Mamé et d’Allie. Il n’osa pas regarder la jeune femme et haussa un sourcil aux dires de Mamé.

« Quelle nouvelle ? »

Le cœur d’Allie se gonfla quand elle vit Thomas tenir la main de Kaleb. C’était toujours surréaliste de les voir côte à côte. Elle se rendait alors compte de la ressemblance qui existait entre eux. Ce n’était pas seulement les traits, c’était toute l’attitude qui était semblable et c’était d’autant plus drôle que Thomas avait grandit sans la présence de Kaleb et donc sans modèle. Ce qu’elle voyait aussi c’était que son fils s’était rapidement attaché à cet homme qui pour lui était un étranger et elle y voyait là un besoin désespéré d’avoir enfin un père. Quand elle en arrivait à cette conclusion, elle finissait en général par se blâmer pour les avoir séparés et n’avoir rien tenté pour reconquérir Kaleb. Mais qu’y pouvait-elle aujourd’hui ? Elle ne pouvait changer le passé, même avec toute la bonne volonté du monde et elle n’était pas persuadée que ça aurait été une bonne chose. Après tout Kaleb avait trouvé quelqu’un d’autre. Cette femme il allait l’épouser et lui faire des enfants. Se pourrait-il qu’il soit temps de tourner la page pour elle aussi ? Elle chassa cette idée de son esprit. Elle avait plus important à régler avant de penser à de telles choses.

« Et bien… » Commença Mamé en se penchant vers Thomas, ignorant le regard interrogateur de son petit fils. Elle savait que les choses n’allaient pas être simples et elle avait trouvé un moyen imparable pour qu’on ne puisse pas lui dire non. C’était une vieille femme qui aimait faire le bien autour d’elle et qui parfois savait mieux que la personne concernée ce qui était bon pour elle.

« Tu vas venir vivre au ranch avec ta maman. On en a beaucoup discuté et on pense que tu vas avoir besoin d’un entraînement spécial pour devenir un vrai cowboy. »
« Un vrai de vrai ? »
« J’ai un poney qui n’attends qu’un cavalier bonhomme… » Ce qui était faux. Mais ce serait rapidement réparé.
« Un cheval rien que pour moi ? » Le visage de Thomas s’était transformé, ce qui ramena un peu de couleur dans celui d’Allie mais elle ne pouvait s’empêcher de trouver la situation étrange. Elle était même carrément honteuse de voir qu’elle en état réduite à dépendre d’autres personnes. Le pire étant sans doute qu’elle allait habiter dans la même maison que son ex petit ami et de sa future femme. Il n’y avait pas de quoi sauter au plafond. Mais elle était mère et elle avait un rôle à jouer avec Thomas et elle préférait l’humiliation plutôt que de devoir le faire dormir dans la voiture une nuit de plus. En plus ce n’était qu’une situation temporaire, le temps qu’elle mette de l’ordre dans ses finances et qu’elle puisse louer un petit chez soi.
« Rien que pour toi mon ange. Et Kaleb t’apprendra comment on s’en occupe. » Le visage dégoulinant de bonheur du petit garçon se tourna vers celui qui était devenu son idole et il laissa échapper un gargouillis d’extase qui était un éclat de rire. Depuis qu’il avait été au ranch il n’avait plus que ses aventures en bouche. Il pouvait parler des heures des chevaux et de la paille, c’était une véritable passion. Il se tourna à nouveau vers Mamé et afficha soudain une bouille grave.
« Mais tu feras des gâteaux aussi ? » demanda-t-il d’une voix inquiète, ce qui fit rire la vieille femme.
« Bien sûr. Et j’aurais besoin de tes petites mains pour m’aider à cuisiner. »
« D’accord… » Accepta Thomas. Tout pourvu qu’il ait de quoi remplir son estomac.
« Parfait alors tu vas comment par ramener mes sacs de courses avec ton p-… Kaleb à la voiture. Ta maman nous rejoindra dés qu’elle aura fini sa journée de travail. »
Elle se redressa péniblement, posa une main sur l’épaule d’Allie qui ne rêvait que d’une chose, se cacher dans un trou de souris, et déposa un baiser sur sa joue. « Merci ma belle pour ton aide précieuse avec les piles. Je ne savais plus quoi choisir. » Mentit-elle. Les courses qu’elle avait faites aujourd’hui n’étaient pas indispensables, mais elle s’en félicitait.
« Allez Kaleb arrête de bailler aux corneilles les sacs ne vont pas se porter tous seuls. Tu auras tous les détails en tant voulu. » Fit-elle en l’attrapant par l’épaule et en le poussant vers l’extérieur.

La petite main serra d’avantage la sienne et il sentit une décharge électrique s’insinuer dans son dos. Il était père. Il tenait la main de son fils. C’était presque irréaliste. Il n’aurait jamais pensé être père ainsi, il en avait rêvé, oh oui, pendant longtemps durant leur relation, il avait rêvé d’avoir un enfant avec elle. Mais quand elle était partie, son monde s’était écroulé et il n’avait plus rêvé. Il s’était laissé aller sans but précis. Il avait faillit la retenir, ce jour-là. Il avait dû finir les tâches à la ferme et il n’avait pas vu l’heure passée. Quand il s’était décidé à faire tout pour la retenir, il avait roulé à vive allure sur la voie rapide et s’était garé en catastrophe, avant de rejoindre la porte de son embarquement. Mais il était trop tard. Beaucoup trop tard. Elle était déjà partie. Alors il s’était assit sur un fauteuil dans la salle d’attente et il était resté pendant de longues heures à attendre. A attendre que son souvenir soit moins douloureux.

Ce fut à son tour de crisper sa main dans celle du garçon. Il se rendit compte de son geste et desserra doucement la main pour ne pas lui faire mal. Ses yeux se levèrent vers Mamé et il haussa un sourcil d’interrogation. Pourquoi avait-elle fait ça ? Ils ne pouvaient pas habiter dans la même maison. Tout simplement parce qu’il n’était pas prêt, qu’il y avait Marianne et que la situation était bien trop compliquée pour tenir dans une si petite maison. Ils ne pouvaient pas habiter dans la même maison. Tout simplement parce qu’il ne pourrait s’empêcher de se remémorer leurs moments à eux, quand ils n’avaient que dix-huit ans. Quand il n’y avait rien d’autre qui puisse être plus important que ce qu’il ressentait pour elle. Maintenant tout était plus important.

Il resta silencieux, presque choqué, incapable de réagir. Ses pensées étaient ailleurs, bien trop loin de cette conversation. Il se demandait déjà comment il allait l’annoncer à Marianne, à laquelle il n’avait encore rien dit. Comment elle réagirait. Comment il réagirait quand il croiserait Allie dans la salle à manger. Comment allait être leur repas, tous ensembles, silencieux autour de la table. Il sortit de ses pensées quand Mamé le poussa vers l’extérieur. Il eut à peine le temps de récupérer les sacs de courses de Mamé et de jeter un rapide coup d’œil à Allie. Il ne savait plus quoi en penser. Tom déposa un rapide baiser sur la joue de sa mère avant de suivre le jeune homme et la vieille femme vers l’extérieur de la boutique.

« C’était quoi ça ? Enfin tu peux pas… »

Il n’eut pas le temps de finir que Tom venait de pousser la porte de la boutique. Il fit glisser les sacs dans le coffre du pick-up et le ferma avant de lancer un regard glacial à Mamé. Il n’en avait pas finit
Elle ne le prenait pas mal, elle savait qu’il ne réagirait pas aussi bien qu’elle mais c’était pour son bien. Elle en était persuadée. Cette famille méritait d’être réunie. Elle savait ce qu’ils représentaient l’un pour l’autre. Ca ne pouvait pas se finir ainsi.

« En route bonhomme ! »

Il ouvrit la portière et attendit que Tom monte à l’intérieur du pick-up avant de s’y hisser à son tour et de démarrer le contact.

Ca ne pouvait pas se finir ainsi.