Sujet: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Mer 26 Mai - 0:09
L’odeur du foin lui chatouilla les narines et il glissa une paille de foins dans sa bouche alors qu’il tapait sur le postérieur de la vache à ses côtés pour la faire rentrer dans l’enclot. Il devait être onze heures. Le soleil tapait aveuglement sur les vitres de la ferme alors qu’il s’approchait de l’abreuvoir pour changer l’eau. Un jour de plus à la ferme. Sa vie n’était rythmée que par le bruit qui émanait des habitants du ranch. Et par habitants, c’était bien évidemment les animaux. Des vaches, des chevaux, des poules, des chèvres, tout était regroupé dans ce ranch et un bon nombre d’employés s’affairait à s’occuper de chacun d’eux. Cette ferme lui appartenait. Elle descendait de génération en génération et c’est naturellement, à la mort de son père, que Kaleb avait reprit la ferme pour prolonger le souvenir de sa famille. Ce n’était pas une obligation, c’était avant tout un devoir. Si le ranch l’empêchait bon nombre de fois de faire d’autres choses essentielles à la vie, il ne manquait de rien et il n’aurait échangé sa vie pour rien au monde. Pas même il y a de cela cinq ans. Il préférait ne plus y penser de toute façon. C’était le passé. Elle était partie. Et elle ne reviendrait probablement jamais.
« Tu penses à quoi mon fils ? »
La voix de la vieille femme le fit se retourner vers elle et il la regarda avec respect et tendresse. Mamé était la plus vieille du ranch. Elle était aussi sa plus fidèle amie et avant tout comme une grande mère. Elle avait élevé son père à la mort de ses parents et il lui en avait toujours été reconnaissant. Pour Kaleb c’était identique. Elle l’avait élevé comme une grand-mère élève son petit fils et il l’aimait plus que sa propre vie. Elle savait dès que quelque chose le tracassait, pouvait lire chacun de ses regards et déchiffrait chacune de ses rides au coin des yeux. Il n’y en avait définitivement qu’une comme lui.
« Rien. » « Tu ne devais pas aller à la quincaillerie ? »
Il lâcha le tuyau d’arrosage qui aspergea une bonne partie de l’eau sur sa chemise et il l’éteignit rapidement avant de déposer un rapide baiser sur la joue de Mamé et de s’élancer vers l’étable pour récupérer les cartons qu’il avait emballé ce matin. Il chargea le pick-up et démarra au quart de tour. Il livrait normalement vers les dix heures. Et il savait que ses produits partaient comme des petits pains. C’était une des raisons qui le faisait continuer à livrer à cette quincaillerie, en plus de rendre service à bon nombres d’habitants. Dix minutes plus tard, il était dans le centre ville de Jacksonville. Il s’arrêta devant la quincaillerie et descendit du pick-up, son chapeau de cowboy sur la tête. L’air était lourd et sa chemise lui collait légèrement au torse à cause de l’eau qui n’avait pas encore séché. Il contourna le pick-up et ouvrit la porte arrière. Alors qu’il se retournait pour rentrer dans la boutique, un mini cowboy le fixait de ses grands yeux ronds.
« WOW. T’es un vrai cowboy ? »
La voix fluette de l’enfant lui arracha un sourire et il enfonça un peu plus son chapeau sur sa tête.
« Je crois qu’on est deux. » Lâcha-t-il alors qu’il faisait référence au chapeau que le petit portait aussi.
On aurait vraiment dit une mini copie de lui. C’était assez marrant à voir d’ailleurs. Il avait beau l’examiner, il ne l’avait jamais vu à Jacksonville auparavant. Ce n’est pas comme s’il sortait souvent de son ranch mais il connaissait chaque personne du village et il n’avait jamais vu ce petit bout.
« T’as un cheval toi ? »
« Oui j’en ai plusieurs même, et toi tu as un cheval ? »
Il se rapprocha de l’enfant alors qu’il se penchait à sa hauteur. Le petit n’était vraiment pas timide. Il aurait pu avoir peur de lui et de son 1m85, de ses grosses chaussures, de son chapeau et de sa chemise à carreau mais non, il était fasciné par lui, ça se voyait au fond de ses yeux. Il ne pouvait avoir que de la tendresse envers ce cowboy en devenir. Il se rappelait de son enfance à lui, toujours dans les pattes de son père à vouloir l’aider à la ferme, à nourrir les chevaux, les vaches, à courir après les poules pour leur faire peur. C’était assez étrange, mais il pouvait se voir à travers les yeux de l’enfant. Celui-ci secoua la tête, l’air triste et il posa une main sur son chapeau.
« C’est pas grave tu sais, à ton âge je n’avais pas encore de cheval moi non plus, quand tu seras grand tu en auras un j’en suis sûr. »
Le petit se mit à sourire et Kaleb lui tapota affectueusement le chapeau.
« TOM ! » Une voix féminine provint de la boutique et le petit se retourna.
« C’est ma mère. Tu viens ? »
Kaleb hocha la tête en souriant et suivit le petit dans la quincaillerie. Tom se mit à courir vers le comptoir où une jeune femme blonde de dos s’y tenait.
« Maman ! Maman regarde un vrai cowboy ! »
Kaleb se mit à sourire alors qu’il s’approchait doucement de la jeune femme. Ce n’est que quand elle se retourna qu’il se figea sur place. Non. Ça ne pouvait pas être elle.
« Allie. » Souffla-t-il presque inaudiblement alors que ses yeux ne pouvaient pas la lâcher.
Allie Dewez Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Mer 26 Mai - 1:01
« C’est le portrait craché de son père. » « M’man… Tu crois vraiment que c’est le moment d’avoir ce genre de discussion ? » Allie jeta un regard inquiet à son fils qui jouait dans le jardin. D’un bout de bois il avait fait un fusil et il traînait une corde avec lui qu’il essayait d’agiter comme un lasso, attrapant des taureaux imaginaires. La jeune femme avait toujours mis un point d’honneur à contredire sa mère mais cette fois elle devait bien avouer qu’elle avait raison. Oui Thomas ressemblait à son père. De la pointe de ses cheveux à ses petits orteils frétillants il était un puissant rappel de son passé. Et si chaque fois cette vision brisait son cœur, elle glissait également sur sa langue comme une cuillère de miel. « Tu vas éviter le sujet longtemps ? » « Je te rappelle que c’est toi qui a piqué une crise quand je t’ai annoncé la nouvelle ! » Allie fusilla sa mère du regard. « Penses-tu. Mon trésor avec un fermier. Je n’ai jamais trouvé votre relation très saine. Il n’était… » « Quoi qu’il fasse ce n’était jamais assez bien pour toi. Il a toujours été adorable et tu ne voyais que son manque de fortune. En quoi étais-ce si terrible ? » « Ma chérie… » Fit la vieille femme en se rapprochant de sa fille et en jouant avec ses boucles blondes comme lorsqu’elle était petite. « J’ai toujours voulu le meilleur pour toi tu le sais bien. Qui aurait pu croire qu’il deviendrait ce qu’il est aujourd’hui ? » Allie cligna plusieurs fois des yeux et se mordit la lèvre. Une boule s’était formée au creux de sa gorge et elle savait que si elle parlait elle ne pourrait masquer les sanglots qui menaçaient de la submerger. « Et dire que je t’ai crue. » souffla-t-elle péniblement. « Je crois que tu n’as jamais compris en fait. Tu n’as jamais su ce qu’était aimer. Tu m’as laissé croire que j’étoufferais si je restais là. Pourtant ça fait 5 ans que je suis en apnée. Et le pire c’est que je ne pourrais jamais revenir en arrière. » « Alors tu t’interdirais d’être heureuse ? Ce n’est pas pour ça que tu t’es toujours battue ? » « Je m’autorise à aller de l’avant c’est différent. » Puis sans un regard en arrière elle planta là sa mère, son fils sur ses talons. « Dépêche toi cow boy on va être en retard. »
Et c’est ce qui arriva. La matinée ne fit qu’aller de mal en pis. Les livreurs étaient en retard. Les clients clairement mécontents et le pauvre Thomas qui s’ennuyait tournait en rond dans la boutique et prenait tout comme un jeu ce qui avait le donc d’agacer sa mère qui courait dans tous les sens mais ne s’amusait clairement pas. Elle avait trouvé ce job en catastrophe, d’une parce qu’elle voulait rester le moins possible chez ses parents et de deux parce que c’était la seule petite annoncé qui avait été publiée. Jacksonville était une petite ville, du genre où tout le monde connaît tout le monde et les opportunités y étaient plutôt rares. Ca n’empêchait pas la plupart des gens de s’y sentir bien et c’était vrai qu’à s’y laisser prendre il y avait quelque chose d’agréable qui flottait dans l’air.
Comme les effluves d’un after-shave inchangé malgré les années ? La boîte d’œufs qu’elle tenait dans les mains se brisa sur le sol dans un bruit mouillé mais elle ne put se résoudre à baisser le regard pour voir les dégâts. Non elle avait plongé dans le bleu bordé d’or de ses prunelles. Elle s’attardait sur le dessin carré de sa mâchoire et si masculin qu’on aurait cru qu’il avait été découpé au couteau. Et sur ce torse, si massif que le monde autour se serait évanouit si elle avait osé s’y blottir. Oh il avait changé. Tout en restant le même. Et elle elle était juste ridicule avec ses cheveux en bataille, son short qui lui faisait un gros cul et ces fichus kilos qu’elle avait pris depuis la grossesse mais dont elle ne parvenait pas à se défaire.
« He-… Hey… » Sa voix sonna plus rauque que d’habitude et elle sentit ses joues s’empourprer, embarras qu’elle dissimula rapidement en se plongeant dans le récit enthousiaste de son fils. « Oui et bien on verra plus tard pour le cheval hein. Mamie n’aimerait pas qu’il y en ait un qui broute ses pétunias… » Ricana-t-elle stupidement. Elle fit un pas et une coquille se brisa sous sa semelle et elle manqua de perdre l’équilibre. « Foutue albumine… » Pesta-t-elle et ses joues s’empourprèrent d’avantage si c’était possible.
« Alors qu’est-ce qui t’amène ici ? Enfin dans la boutique. Parce que Jacksonville ça a toujours été ta ville. Un coin sympa… beaucoup de champ de maïs. » A pleines mains elle essayait d’éponger les désastres tout en voulant garder un sujet de conversation décontracté. Qu’est-ce qu’elle aurait pu dire d’autre ? « Désolée d’être partie comme une voleuse et de ne plus jamais avoir donné de mes nouvelles tout en accouchant de ton fils que tu découvres aujourd’hui même. Comment tu le trouves au fait ? »
Kaleb Hawkins Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Mer 26 Mai - 1:45
On pouvait lui arracher le cœur à cet instant précis, ça aurait eut le même effet. Elle était là. Celle qu’il avait attendue bien malgré lui pendant ces cinq dernières années. Celle qu’il n’aurait jamais cru revoir un jour. Il s’était fait une raison. Du moins c’est ce qu’il avait cru. Pourtant, alors qu’elle se tenait là devant lui, il ne pouvait s’empêcher de ressentir ce soulagement de la revoir à nouveau. Comme si elle était revenue pour lui. Comme si ces cinq années n’était que poussière. Les œufs sur le sol n’avaient pas le moindre intérêt pour lui, il ne pouvait détacher ses yeux d’elle, de ses cheveux en désordre, de son visage rond de poupée et de ses yeux qu’il n’avait jamais oublié. Il avait mit des années à essayer d’oublier son odeur et pourtant il la reconnaissait entre milles. Sa voix eut l’effet d’un choc électrique sur lui mais il ne laissa rien entrevoir. Comme un roc. En partant, elle lui avait apprit bien malgré elle à garder tout au fond de lui. Et c’était mieux ainsi. Pourquoi ressasser le passé.
La présence de Tom s’était faite silencieuse, il ne voyait plus qu’elle, n’entendait plus qu’elle. C’était comme si son monde s’était arrêté quand elle s’était retournée vers lui. Il retombait à nouveau dans ses filets. Bien malgré lui. Il buta cependant sur le mot mamie et réalisa enfin ce qu’il avait sous ses yeux. C’était son fils. Elle avait un fils. Bordel. Un fils. Elle était sans doute revenue avec sa famille, un mari, un fils et un chien. Ils devaient avoir une belle maison à Los Angeles, ou dieu sait encore quelle grande ville. Elle devait être une photographe connue et lui un acteur. Et ils vivaient heureux dans les paillettes et l’argent. Et lui. Lui, il avait ses vaches, son ranch et son chien. Lui, il était coincé dans une lamentable vie. Celle dont elle n’avait jamais voulu et qu’elle avait fuit. Elle l’avait fuit. Lui.
Elle se pencha pour ramasser les œufs en bouillis et son regard se posa sur le petit homme à ses côtés. Il n’en revenait pas. Pendant toutes ces années loin d’elle, elle avait passé son temps à élever un enfant et à vivre finalement une vie dont elle avait rêvé. Soudain, il se sentit vraiment à côté de la plaque. Il n’était pas dans son élément là. Tom lui rappelait tout ce qu’elle avait pu faire dans son extraordinaire vie. Que pouvait-il dire de mieux lui ? Qu’il avait toujours le même chien ? Bordel mais ça ne faisait pas le poids. Il serait tellement ridicule à côté. Il n’avait absolument rien à lui dire sur sa vie. Sa vie n’avait pas changé. Il était toujours le même. Il avait juste monté en grade après la mort de son père. Ça s’arrêtait là. Il n’avait pas d’enfant, pas de femme, pas même une copine. Ou un coup d’un soir. Rien.
« Je… Je fais des livraisons pratiquement tous les jours et je… enfin c’est Anna d’habitude. Enfin je veux dire… » Ses mains plongèrent instinctivement dans les poches de son jean alors qu’il la regardait éponger de ses mains les œufs sur le sol sans vraiment réaliser que ça ne servait à rien ce qu’elle faisait, trop préoccupé par la surprise de la voir ici.
« Tu es revenue. » Lâcha-t-il comme une évidence alors qu’il tournait la tête vers Tom à ses côtés. « Avec ta famille. » Finit-il comme pour se mettre à une barrière à lui-même. Comme pour réaliser encore mieux qu’elle était revenue simplement pour voir sa mère ou peut-être pour montrer à son fils et son mari la vie qu’elle avait ici avant. Avant.
Il resta un instant silencieux, l’observant. Oh oui elle avait changé, elle avait en quelque sorte mûrit. Elle s’était même embellit avec le temps. Elle n’était plus la petite fille populaire du lycée, celle qui lui faisait tourner la tête, non maintenant elle était une femme. Et elle lui faisait autant tourner la tête. Si ce n’est plus. Car à présent ils avaient un passé commun. Et il ne pouvait pas juste l’ignorer. Il aurait aimé être insensible, ne rien ressentir en sa présence, mais c’était impossible. C’était elle bordel. Celle pour qui il aurait tout abandonné. Même son ranch.
« Je suis désolé pour les œufs. » Fit-il finalement alors qu’il passait une main sur son torse pour décoller la chemise. « Je t’en ai ramené d’autres. Je vais les chercher. »
Comme pour fuir le plus loin possible, il fit quelques pas en arrière et prit le chemin de la sortie. Vite vite. Il ne respirait plus.
« Je peux venir t’aider ? »
La voix de Tom le fit s’arrêter avant la porte et il ferma les yeux un instant, comme si la douleur était trop intense pour accepter la réalité. Il reprit enfin contenance et se tourna vers lui pour enfin poser son regard sur Allie afin d’avoir son accord. C’était son fils. Pas le sien. Il n’avait pas à prendre de décision. Et à vrai dire, bien que son cœur criait de rester près d’elle, il n’avait qu’une envie : fuir. Fuir loin d’elle comme elle l’avait fait il y a de cela cinq ans. Fuir dans son ranch et ne jamais revenir. Ne jamais à devoir recroiser son regard. Ne jamais à avoir à ressentir à nouveau ces sentiments. Leurs sentiments.
Allie Dewez Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Mer 26 Mai - 2:37
Anna. La psychopathe de service qui avait cru pouvoir se noyer dans une eau de 60 centimètres de profondeur. Ils l’avaient emmené de force avec une camisole et depuis plus personne n’avait vraiment eu de ses nouvelles. Personne ne savait trop ce qui avait provoqué ce court-circuit chez elle mais Allie elle savait. Elle avait du avoir un ex petit ami qu’elle avait recroisé par hasard un jour et sa beauté l’avait tellement soufflée qu’elle ne s’en était jamais remise parce qu’elle avait compris alors ce qu’elle avait réellement perdu. Pas seulement une paire d’abdos parfaitement moulés dans une chemise qui n’était pas de tissu mais faite de toutes les perversions de la terre parce qu’elle collait comme une seconde peau et donnait envie d’être arrachée. Mais aussi pour la personne en elle-même, cette douceur presque palpable, cette force tranquille et immuable. Allie s’était toujours sentie apaisée par la présence de Kaleb. Il semblait la compléter de la meilleure façon qui soit. Elle l’excentrique et l’intenable blonde. De ses bras il avait fait des remparts pour la protéger.
« Oui euh Anna… On ne sait pas quand elle reviendra. » Elle avait dit ça sur le ton de la conversation, en évitant de plomber d’avantage la conversation. Elle avait déjà suffisamment de mal à supporter sa présence. C’était étrange mais elle n’avait jamais cru que leurs retrouvailles puissent se passer de la sorte. Elle se voyait toujours toute pimpante dans une robe du soir, la perfection de la tête au pied. Elle garderait sous silence le moment où elle le voyait arracher le fin tissu, avec ses grandes mains de travailleur de la terre, et où ils faisaient l’amour à même le sol, avec une passion sans cesse renouvelée. Le genre de visions récurrentes chez elle mais qu’elle ne pouvait plus excuser à cause de ses hormones. Cinq ans ça commençait à faire pour blâmer la grossesse.
Chaque fois qu’elle essayait de rassembler dans ses mains les débris d’œufs la masse gluante coulait entre ses doigts et son acharnement aveugle n’y faisait rien. Mais elle ne pouvait pas lever les yeux vers lui, pas maintenant que des questions semblaient flotter dans l’air. Elle savait que si elle rencontrait son regard à cette seconde, à cet instant précis, elle avouerait tout. Les doutes. La grossesse pénible. Sa paternité. Et elle ne voulait pas voir le masque parfait de son visage se déliter et devenir fureur. Elle préférait qu’il croie ce qui lui faisait plaisir. C’était tellement plus simple que de faire face à ses erreurs et ses mensonges.
« Non les œufs c’est rien c’est moi… » Bafouilla-t-elle mais elle ne le retint pas lorsqu’il s’avança vers la sortie. Ses paupières se clorent de soulagement, elle cru qu’elle pourrait reprendre son souffle, taire les battements de son cœur et enfermer tous ses espoirs stupides à double tour. Au lieu de ça il posa son regard sur elle et elle se sentit fondre sur place. Elle avait chaud et froid à la fois. Thomas la fixait également, des étoiles plein les yeux et elle hocha lentement la tête. Elle tairait également la douleur qui la cisaillait chaque fois qu’elle voyait son fils s’accrocher à ce qui pourrait faire office de figure paternelle. Elle savait qu’il y a encore peu il se contentait de sa seule présence mais les secondes qui passaient étaient des ennemies pour Allie. Elles soulevaient sans cesse de nouvelles questions. Comment expliquer à un enfant qu’il n’y aurait jamais personne pour l’accompagner à la journée des pères à l’école ?
« Je vais nettoyer ça… » Elle se leva d’un bon et trouva refuge dans l’arrière boutique. Là le poignet en bâillon contre ses lèvres elle tenta de ravaler ses larmes. La façon dont il l’avait fixée n’avait pas pu lui échapper. Et elle n’avait pas cru voir de regrets. Juste une certaine amertume qu’elle croyait justifiée.
« Mais dis lui dis lui dis lui…. » Et après que se passerait-il ? Il aurait toutes les raisons de lui en vouloir. De la punir ? De lui enlever Thomas ? A cette idée la nausée la prit. Non pas Thomas, il était tout ce qui lui restait. Elle s’accrochait à lui comme aux lambeaux de ses souvenirs. Il était tout ce qui lui restait.
« Reprends-toi maintenant. C’est stupide. C’est Kaleb le nounours. C’est Kaleb… » Elle inspira une fois à fond, deux fois, trois fois. Elle fit un pas en avant mais se ravisa, prit une nouvelle goulée d’air puis s’avança dans la boutique. Ils tardaient à revenir, tant mieux, d’ici là ses larmes auraient complètement disparues. Et ces maudits œufs aussi.
Kaleb Hawkins Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Jeu 27 Mai - 2:40
Il faut croire que le destin est ainsi fait. Il est cruel et rancunier. Il vous renvoie tout à la figure quand vous essayez pour la première fois depuis cinq ans d’aller de l’avant. Quand pour la première fois vous oubliez le goût de ses lèvres dans les bras d’une autre. A croire que le bonheur n’est pas fait pour lui. Le destin est mesquin. Il vous surprend, vous déçoit et vous brise le cœur. Le destin est tout simplement seul et triste. Il n’a jamais connu l’amour. Jamais. Sinon il ne le ferait pas ainsi souffrir en lui ramenant la femme de sa vie alors qu’une autre entrait peu à peu dans sa vie. La mère de son fils. Mais qu’il ne sait pas. Et qu’il ne saura probablement jamais. Son fils.
Tom trottina vers lui quand sa mère hocha la tête mais Kaleb ne bougea pas, son regard posé sur la silhouette de son ancienne amante. Il lui faudrait probablement plus d’une semaine pour s’en remettre. Il ne sortirait pas du ranch, resterait cloîtré entre quatre murs pour oublier. Ou plutôt pour enfuir tous ces sentiments au fond de lui. Bien au fond. Sous la couche imperceptible de son cœur. Elle partie de son champ de vision et il fixa un instant l’arrière boutique avant de se résoudre à lâcher prise. Abandonner. Son regard ce posa sur le petit à ses côtés et d’un signe de tête il lui indiqua la sortie. Tom poussa la porte en souriant et tous les deux s’approchèrent du pick-up.
« Tu connais ma maman alors ? »
Maman. Les mots étaient bien trop durs à entendre. Bien sûr il était heureux pour elle. Mais ce goût d’amertume était coincé sur sa langue et il était impossible pour lui de s’en défaire. Il n’arrivait toujours pas à digérer le fait qu’elle ait pu faire sa vie sans lui. Bordel, comment avait-elle pu alors qu’il avait été impossible pour lui. Elle ne l’avait probablement jamais aimé. Jamais.
« Oui je la connaissais. » Son ton était neutre. Il n’avait pas envie d’en parler. Pas avec un petit de cinq ans qui ne ferait jamais partie de sa vie.
« Tu étais ami avec elle ? » Si seulement ça n’avait été que ça. Si seulement ils n’étaient jamais allés plus loin. Ça aurait si simple. Beaucoup plus simple. « On était à l’école ensemble bonhomme ! » Le calepin devant lui indiquant les quantités de la livraison était une échappatoire à l’interrogatoire du petit même si son regard était posé sur la feuille mais son esprit bien ailleurs. Dire que ce petit bout aurait pu être le sien. Si seulement leurs choix avaient été différent 6 ans plus tôt. Si seulement.
« Pourquoi t’es triste ? »
Le visage de l’enfant était si doux, si pur. Il ne pourrait pas comprendre. Et puis ça ne servait à rien de ressasser le passé. Pas quand l’avenir était perdue d’avance. Les chemins étaient séparés. Les vies aussi.
« Je ne suis pas triste Tom ! » Il accompagna ses dires d’un sourire pour rassurer le garçon et se saisit des cartons contenant les œufs. « Pas quand j’ai un cowboy pour m’aider ! » Rajouta-t-il alors qu’il présentait le petit carton à Tom. « Fais attention de ne pas le faire tomber comme ta mère. »
Tom se mit à rire et il prit délicatement le carton dans ses mains. Kaleb se saisit de la viande, du lait et de tous les cartons présents dans son pick-up avant de le refermer. Une pile de cartons en main jusqu’à sa tête il poussa du pied la porte de la boutique et laissa Tom passer devant, fier avec son petit carton rempli d’œufs. Il ne s’en rendait probablement pas compte, mais il lui ressemblait vraiment. Là, avec leurs cartons dans leurs mains et leurs chapeaux sur la tête, c’était deux copies conformes. Mais il était trop buté pour s’en rendre compte. Il s’approcha finalement du comptoir et posa les cartons sur celui-ci avant d’aider Tom à poser le sien doucement à côté pour ne pas casser les œufs.
« Merci cowboy de ton aide ! » Lâcha-t-il alors qu’il lui tapotait sur le chapeau.
Ce n’est qu’une fois qu’il leva le regard qu’il se rendit compte qu’elle était revenu à l’intérieur de la boutique. Elle avait définitivement changé. Alors qu’elle était si près de lui, il pouvait enfin se rendre compte de la beauté de son visage. Elle avait ce petit grain de beauté sur la joue qu’il n’avait pas oublié. Comme une particularité qui la définissait.
« Voilà il y a tout. » Il plongea ses mains dans ses poches et gigota sur place.
« Bon et bien… » Commença-t-il en faisant quelques pas vers la porte.
Allie Dewez Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Jeu 27 Mai - 23:48
Une fois Kaleb loin d’elle Allie sembla reprendre le contrôle de ses membres et elle parvint à nettoyer rapidement le sol des débris d’œufs. Tandis qu’elle s’agitait il n’y avait pas de place dans son esprit pour ses pensées, seulement pour les mouvements qu’elle devait effectuer. Ramasser. Eponger. Essuyer. Mettre à la poubelle. Un ensemble de gestes mécaniques dont elle s’acquittait comme si elle avait été vidée de sa substance et elle était soulagée de pouvoir se soustraire à la force de ses souvenirs. Comment aurait-elle pu y faire face alors qu’ils la brûlaient de l’intérieur ? Ils rongeaient chaque fibre de son être avec violence. Si elle avait pu elle aurait hurlé. Mais pour quoi ? Elle était responsable de sa douleur. Elle l’avait créée de toutes pièces. Comment avait-elle pu être stupide au point de croire que vivre loin de lui était acceptable ? Oh oui elle l’avait supporté pendant toutes ces années mais uniquement parce qu’il y avait eu cette petite chose de lui qui s’était fait une place en elle et qui avait fini par devenir toute sa vie. Elle n’avait jamais réalisé un seul de ses rêves. Ceux pour lesquels elle avait fait la plus grosse connerie de sa vie.
Les mains sur les hanches elle inspectait, fière, son œuvre ménagère quand des pas sur le sol la tirèrent de ses pensées. La scène qu’elle avait sous les yeux lui arracha un hoquet de surprise mais elle tenta tant bien que mal de dissimuler les émotions qui bouillonnaient à l’intérieur d’elle. La ressemblance entre père et fils avait toujours été frappante mais maintenant qu’elle les voyait côté à côté elle ne pouvait plus le nier. Ils avaient cette même démarche pataude, une façon de se mouvoir et d’imposer leur présence dans la pièce qui était unique. Même dans la façon de sourire ils étaient semblables. Mais ce qu’elle voyait surtout c’était que Thomas n’avait d’yeux plus que pour le jeune homme. Une admiration toute enfantine pour celui qui incarnait son héros. D’ailleurs sa petite main s’accrocha à son minishort, mais il continuait à fixer le géant avec des yeux ronds comme s’il pouvait ainsi s’imprégner de son aura. Et quelle prestance… Kaleb n’avait plus rien de l’adolescent qu’elle avait quitté. Ses épaules s’étaient élargies, ses mains étaient gigantesques, son visage moins rond. Tout en lui respirait cette virilité propre aux hommes de la terre.
Elle mâchouilla sa lèvre inférieure, aussi indécise que lui quand à l’attitude à adopter. Devaient-ils en rester à des rapports civilisés ou décider que leur passé commun leur octroyait le droit d’être amis ? Oh elle ne pourrait jamais être amie avec lui. Elle avait bien trop envie de ses bras pour ça. « Oh ! » fit-elle soudain comme si elle venait de se rappeler de quelque chose d’important. « On m’a laissé une note pour les commandes. Il faut revoir certains points mais je ne sais plus trop quoi. Le mois dernier tout est parti tellement vite à chaque fois qu’ils veulent commander plus. Où est-ce que j’ai mis ce papier ? Je l’ai vu pas plus tard qu’hier pourtant. Bref en tout cas c’est la folie. » Elle rassembla des mèches folles derrière son oreille et continua à fourrager dans les papiers. « Est-ce que vous pourriez faire ça ? Assurer plu-… » Elle cligna des yeux, surprise, parce qu’il se trouvait si proche qu’elle pouvait sentir son parfum, un mélange de foin, de cuir et de quelque chose qu’elle ne parvenait pas à définir. Autrefois elle l’avait assimilé à la sécurité.
« Ah voilà ! Hum alors que je me rappelle… C’est la première fois que je fais ça j’ai jamais eu besoin de m’occuper des commandes au restau où j’étais serveuse. J’ai toujours eu du mal avec les chiffres de toute façon. » Elle mordillait son crayon en étudiant rapidement ses notes puis d’un seul coup elle abandonna tout pour aller fouiller dans un sac. Elle en sortit des lunettes qu’elle jucha sur son nez. A ce moment là elle eut un bref regard pour Kaleb puis baissa le regard, gênée.
« Oh mais je déballe tout ça mais peut-être que je te retarde ? D’autres livraisons ou je sais pas. »
« Elle fait toujours ça quand elle est nerveuse. Elle parle sans arrêt. » Intervint Thomas. « Dis tu retournes à ta maison ? Parce que j’irais bien voir les chevaux… »
« Tom… » le réprimanda-t-elle d’un regard.
Le garçonnet soupira bruyamment. « Oui d’accord. » Puis il planta son regard dans celui du géant « Je peux venir s’il te plaît ? »
« Non Tom c’est pas vrai-… Tu ne peux pas. Il a sûrement des tas de trucs à faire… »
Kaleb Hawkins Admin
Messages : 54 Date d'inscription : 24/11/2009 Age : 34 Localisation : Jacksonville
Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Lun 31 Mai - 2:17
C’est fou comme le nombre d’années peut vous éloigner géographiquement d’une personne et pourtant vous en rapprocher par la pensée et les souvenirs. Allie n’avait jamais quitté l’esprit de Kaleb. Elle avait toujours eut cette place bien précise dans sa tête et dans son cœur. Tout le monde avait été témoin de l’état pitoyable dans lequel il avait été après son départ. Même après toutes ces années, intérieurement il souffrait toujours de son absence. L’amour, lorsqu’on l’a connu, est dur à laisser partir. On s’accroche au moindre espoir. Au moindre signe. Ce n’est qu’une fois qu’on pense que tout est fini, qu’on laisse aller. Tout en gardant un petit bout au fond de soi. Presque égoïstement. Par espoir toujours. Car l’amour n’est qu’espoir. L’espoir d’à nouveau la revoir.
Si ses espoirs avaient été exaucés, il ne se sentait pas plus soulagé. Au contraire, son retour avait rajouté un poids à sa barque. Ou deux. Elle ne revenait pas pour lui mais avec deux autres éléments de sa vie. Lui rappelant à quel point leurs vies étaient séparées à présent. A quel point elle avait avancé dans la vie et lui non. A quel point il s’était raccroché à quelque chose de vain. D’irréel. L’espoir, même associé à l’amour, et surtout à lui, vous fait perdre pieds. Et vous déçoit. Plus qu’il ne vous rend heureux. Et Kaleb en payait le prix. Le prix de n’avoir su décharger sa barque avant que celle-ci ne coule avec lui.
Il se stoppa au milieu de la pièce quand elle commença à parler et il rajouta une pierre à sa barque. Comme impossible de s’éloigner d’elle, il se retourna à nouveau vers eux et s’approcha du comptoir alors qu’elle fouillait dans les papiers. Doucement, alors qu’il la fixait du regard, il s’accouda au comptoir et il sut alors que sa barque avait beau être pleine, elle en valait la peine. Elle posa ses lunettes sur son nez et il ne put retenir un sourire. Encore une chose qui avait changé. Ses lunettes lui donnait un air plus mâture, plus sérieux, finalement ces lunettes convenaient plutôt à sa vie actuelle. Un mari, un gamin, une vie de famille. Lui n’avait pas changé. Il sentait toujours cette vieille odeur de foin, avait toujours cette barbe de quelques jours, un chapeau sur la tête. Il était juste devenu plus renfermé.
« Non je pense que c’est bon. Je verrai si on peut produire plus. »
Elle était vraiment sexy avec ses lunettes. Il n’arrivait plus à penser. Et c’était mal. Oh oui très mal. Ils avaient des vies à eux à présent. Il n’eut pas le temps de répondre que Tom coupa sa mère. Les paroles du gamin lui arrachèrent un sourire et il murmura un rapide « je sais ». Oh oui il savait. Il avait eut l’habitude de l’entendre parler pendant des heures avant un examen. C’était un de ses moments préférés. Il pouvait l’écouter pendant des heures. Avant. Quand il savait encore ce que ça faisait de l’entendre. Quand il connaissait encore le goût de ses lèvres.
« Non… ça ne me dérange pas. » Lâcha-t-il alors qu’il posait ses yeux sur Tom.
Bien qu’il se raccrochait à un infime espoir, il ne faisait que se rapprocher de la souffrance à nouveau en acceptant de prendre le petit avec lui. Mais Tom n’avait pas de rapport dans tout ça. Il ne pouvait pas le mettre de côté parce qu’il avait été fou amoureux de sa mère. Il ne pouvait pas le mêler à tout ça. Et puis, bizarrement, il ressentait ce besoin incontrôlable de passer du temps avec cet enfant. Comme s’il pouvait être le sien. Un autre espoir. En vain.
« Enfin si tu es d’accord bien sûr. Je pourrai l’emmener à la ferme avec moi. » Ses yeux se posèrent sur elle. Sincères. « Enfin tu veux peut-être en parler avec son père. » Lâcha-t-il d’un air détaché.
« Et si ce n’est pas aujourd’hui, ça peut être un autre jour, celui qui t’arranges. Tu sais où j’habite de toute façon. » Si elle n’avait pas oublié.
Ça paraissait si facile de faire comme s’ils étaient de vieux amis. Comme si rien entre eux ne s’était passé. Dans un sens, il désirait rester près d’elle pour connaître sa vie, pour apprendre tout ce qu’elle avait réalisé pendant ces 5 dernières années et une autre part de lui criait de s’enfuir loin d’elle. Car à la fin, il souffrirait forcément. Et il en avait marre de souffrir pour elle. L’amour c’était aussi l’espoir de ne plus souffrir.
« Je ne veux pas chambouler ta famille. Alors je te n’oblige en rien. »
C’est elle qui chamboulait sa vie.
Allie Dewez Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Lun 31 Mai - 14:07
Satisfaite de la réponse qu’il lui apportait elle ferma son calepin et remit de l’ordre dans ses papiers. Depuis qu’elle était revenue à Jacksonville elle n’avait ait qu’entendre des louanges sur « le jeune Hawkins qui avait reprit l’affaire familiale ». Combien il pouvait être séduisant, serviable, dévoué, travailleur acharné. Elle était fière de lui parce qu’elle le croyait arriver à l’exacte place qu’il souhaitait occuper. Il n’avait jamais rêvé d’autre chose que les grands espaces du Texas et elle voyait quelque chose de noble dans son attitude. Soudain elle ne comprenait pas pourquoi elle n’aurait pas pu être la femme d’un homme tel que lui. Toutes les raisons qui avaient pu la pousser à quitter la ville lui apparaissaient comme futiles et vaines. Elle s’était mentit à elle-même. Elle n’avait pas eu peur de rester coincée ici, elle avait simplement eu la trouille de ne pas être à la hauteur. Il semblait attendre tellement et elle n’était qu’elle. Elle ne voyait pas comment elle aurait pu tenir la comparaison.
En réalité elle l’avait toujours admiré. Au lycée il faisait partie des ombres. Avec ses chemises rapiécées et son côté cowboy des années 20 il faisait fuir la popularité plutôt qu’il ne l’attirait et elle avait eu beaucoup de mal à passer outre ses premières impressions. Mais quand elle avait finalement gratter le vernis qui l’entourait elle avait découvert un véritable trésor. Elle avait alors tout lâché. Ses amis, ses sorties, ses préoccupations d’avant, son ambition de devenir reine du bal. Plus rien n’avait d’importance mis à part lui. Elle avait troqué talons contre bottes et découvert son monde à lui. Ses amis étaient devenus les siens et elle s’était rendue compte partagé plus avec eux qu’avec la troupe de fêtards avec qui elle traînait tout le temps. Ils lui en avaient d’ailleurs voulu de ce brusque changement et d’avoir osé changer. La guerre avait été déclarée. Mais ça n’avait jamais été important pour elle.
Ce qui en avait eu en revanche c’était la première fois qu’il lui avait fait l’amour, dans sa minuscule chambre sur ce vieux lit de fer forgé qui grinçait à chaque mouvement si bien qu’ils retenaient leur souffle de peur que quelqu’un débarque. Elle avait eu l’impression qu’ils étaient les premiers à le faire sur terre, comme si on découvrait tout juste cette possibilité. La façon dont il l’avait touchée, embrassée, lui avait laissé croire qu’elle était spéciale. Unique. Rien n’avait plus jamais été pareil après ça. Elle ne quittait quasiment plus la ferme, y ayant trouvé le foyer qu’elle n’avait jamais connu. Encore une fois elle se demandait ce qui lui était passé par la tête pour qu’elle se décide à partir.
Elle s’aperçut soudain qu’il la fixait et elle piqua un fard parce qu’elle n’avait qu’une très vague idée de ce qu’il avait pu dire et parce qu’elle craignait qu’il soit capable de lire dans ses pensées. Mais elle plongea d’avantage son regard dans le sien et elle comprit qu’elle n’avait rien à craindre de lui, elle n’avait jamais eu à avoir peur. Combien d’hommes seraient prêts à passer du temps avec un gamin qu’ils connaissaient à peine et avec lequel ils n’avaient à fortiori aucun lien ? Elle n’en voyait qu’un. Elle se remit à mâchouiller nerveusement sa lèvre inférieure, en particulier quand il mit sur le tapis le sujet brûlant du papa. S’il savait. Si seulement il savait combien tout ça était ironique. Le père venait de donner son accord sans même s’en apercevoir.
« Je n’ai pas de papa. » La voix fluette de Thomas pas inaperçue tandis que Kaleb creusait un peu plus son offre. Si elle se souvenait où était la ferme ? Oh que oui. Elle avait du faire appel à toutes ses cellules nerveuses pour ne pas sauter dans une voiture et y aller directement.
« Eh bien… » Souffla-t-elle. « Je n’ai… » Elle enroula une mèche brune autour de son index. Elle avait teint ses cheveux pour masquer le fait qu’elle n’en prenait plus autant soin qu’avant, ce n’était plus qu’un paillasson sur sa tête. « C’est vraiment très gentil de ta part mais je suppose que tu as autre chose à faire que de t’occuper de lui… » « Papa ». Elle croisa les bras sur sa poitrine pour réprimer son envie de lui sauter au cou. « Mais je pourrais l’emmener juste pour voir les animaux et… » « pas de papa… » « … je passerais dire bonjour à Mamé… »
« J’AI PAS DE PAAPAAAAAA ! » Choquée elle se tourna vers son fils qui inspira une grande goulée d’air après s’être époumoné de toutes ses forces. Personne ne faisait attention à lui et à ses envies dans cette conversation d’adultes. Il voyait bien que sa mère était bizarre avec cet homme et qu’elle n’arrêtait pas de gigoter comme si elle avait envie de faire pipi mais lui s’en fichait. Tout ce qu’il voulait c’était voir les chevaux.
« Euh…. » Marmonna-t-il maintenant que l’attention générale lui était acquise. « Maman s’il te plaît dis ouiiiii. Tu as dit qu’on irait voir les animaux une fois chez Mamie. Et il a es chevaux. Des tas et des tas. » Puis pour appuyer ses dires il se tourna vers Kaleb. « C’est moi l’homme de la maison. Je pourrais travailler. J’ai des muscles… » Il plia son bras et tâta son biscotto pour prouver appuyer ses paroles. « Puis c’est nul ici et Grand-mère elle fait que boire du vin. »
« Okay okay… Je suppose que tu peux y aller. Si Kaleb est vraiment d’accord et que tu es sage je t’emmènerais là-bas… » « Maintenant ! Maintenant ! Maintenant ! » Ce fut à elle de porter son regard vers le grand brun. Elle devait avouer, l’idée que le père et le fils soient réunis lui plaisait énormément. Et qui sait, quand ils auront appris à mieux se connaître peut-être trouverait-elle un moyen de lui avouer la vérité. S’il aimait le gosse il ne pourrait pas lui en vouloir.
Kaleb Hawkins Admin
Messages : 54 Date d'inscription : 24/11/2009 Age : 34 Localisation : Jacksonville
Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Ven 4 Juin - 2:01
« Où tu m’emmènes ? » « C’est une surprise. Ferme les yeux. » Le cheval trottinait dans l’herbe alors qu’Allie refermait ses bras autour de la taille du jeune homme et posait sa tête sur son dos. Il pouvait imaginer son sourire à l’idée de savoir qu’il lui préparait une surprise. Ça n’était rien de grandiose mais s’il y a bien une chose qu’il voulait faire depuis qu’il la connaissait, c’est bien partager ce moment avec elle. Il ne connaissait pas meilleure compagnie pour ce moment là. Ça faisait plusieurs mois qu’ils étaient ensemble maintenant. Jamais il n’aurait pu imaginer qu’ils sortent ensemble. A vrai dire jamais il n’aurait pu imaginer qu’elle soit si différente de l’image qu’elle donnait d’elle-même au lycée. A présent il se demandait comment il avait pu penser qu’elle était comme toutes les autres filles pimbêches du lycée. Oh non, elle, elle était unique. Un diamant à l’état pur.
Il n’avait jamais montré cet endroit à quelqu’un. Elle était la seule. L’unique. C’est comme si elle représentait la totalité de son monde à présent. Il n’imaginait pas sa vie sans elle. Elle était là, à la ferme, tout le temps, ils étaient si fusionnels. Les mouvements du cheval se firent plus rapides alors que Kaleb claquait ses jambes sur son flanc. Il savait où aller. Kaleb n’avait même pas à le guider. Ils y allaient tellement de fois. Seuls. A présent, elle était là. Pour une rare fois, elle ne parla pas pendant tout le trajet, trop occupée à fermer les yeux sans doute. Elle reposait parfaitement contre lui, épousait chaque forme de son corps avec perfection. Elle était faite pour lui. Définitivement.
Le cheval s’arrêta doucement et il contempla le paysage qui s’offrait à lui. C’était parfait. Il se décala doucement et lui assurant de garder les yeux fermés, il descendit du cheval, lui prit les mains et l’aida à descendre à son tour. Elle trépignait d’impatience, il appréciait juste le moment. Il la regarda en souriant et alors qu’il la positionnait face au couché de soleil, il se glissa derrière elle, entoura sa taille et posa sa tête dans le creux de son cou où il déposa un baiser.
« Ouvre les yeux maintenant. »
Elle s’exécuta et il la sentit frémir dans ses bras. Il avait eut la réaction qu’il espérait. Le simple fait de la combler était devenu son bonheur à lui. Ses mains vinrent se poser sur ses bras et il la colla un peu plus contre lui. En haut de la colline, ils surplombaient toute la ville, le soleil prêt à se coucher inondait la ville de différentes couleurs. On aurait dit qu’elle une rivière aux milles éclats. Au loin on pouvait voir le lac Jacksonville. Les couleurs du ciel passaient du rouge à l’orange, avec des teintes de bleus, voire de violets. C’était absolument magnifique. Et il n’y avait qu’ici qu’on pouvait voir un tel spectacle. Qu’ici.
« Wow. C’est magnifique. » « J’en étais sûr que ça allait te plaire. Pas trop déçue de ta surprise ? » « Tu rigoles ou quoi ? » Elle détourna un instant la tête vers lui et planta ses yeux dans les siens. « C’est absolument parfait. Toi et moi. Et le reste du monde. » Elle lui sourit, un de ses sourires dont elle seule avait le secret et elle déposa un baiser sur ses lèvres. Puis silencieusement, elle se repositionna comme à l’instant d’avant et ils regardèrent le couché du soleil, chaque vitre de maison leur renvoyant une couleur différente.
Trente minutes plus tard, ils avaient finit par s’installer dans l’herbe fraiche et à la lueur de la lune qui commençait à éclairer la ville, il contemplait le visage d’Allie, là sa tête posée sur son ventre alors qu’ils étaient allongés dans l’herbe. Leurs mains s’entrelaçaient alors qu’elle fixait le ciel.
« Je pourrai rester une éternité ici. » « Moi aussi. » C’était tellement pur, tellement simple. Ils n’avaient rien besoin d’ajouter d’autres, ils se comprenaient en un seul regard.
« Tu sais, si un jour j’ai un fils je veux qu’il soit cowboy. Enfin pas parce que je le pousserai à ce qu’il le soit mais parce qu’il le voudra vraiment tu vois. J’aimerai vraiment qu’il aime cette vie là… » « Avec toi comme père, j’en suis sûre qu’il le sera. » « Oui mais avec toi comme mère j’ai peur qu’il ne soit pas très doué avec les chevaux. »
Elle lui asséna un coup sur la poitrine et ils se mirent à rire. Simplement.
**
Le cri de Tom le sortit de ses pensées et il resta interdit, ne sachant pas ce qu’il devait penser, dire, ou encore faire. Alors ce gamin n’avait pas de père ? Alors elle était revenue seule ? Sans personne avec qui élever cet enfant ? Il resta silencieux quelques instants, il ne savait trop quoi dire. A vrai dire, il avait peur de trop en dire, de s’immiscer dans la vie de ce gamin et de prendre une place qu’il n’était pas en droit de prendre. Il ne voulait pas le décevoir. Ou encore se décevoir lui-même. A présent les deux Dewez le regardaient et il se sentit désarmé. Que pouvait-il leur refuser ?
« Okay cowboy prend ton chapeau on va au far west ! » Lâcha-t-il avec enthousiasme alors que Tom faisait déjà des bonds dans la boutique.
« Oh attends je vais chercher mon pistolet ! » S’écria le gamin alors qu’il partait dans l’arrière boutique.
Les deux anciens amants se retrouvèrent seuls et il baissa un instant la tête, gêné.
« J’espère que ça ne te dérange pas… enfin je veux dire… »
Il laissa sa phrase en suspens et remonta enfin le regard vers elle. Elle était vraiment différente en brune.
« Je ne te le ramène pas trop tard ne t’en fais pas. Et pas de bêtises non plus. C’est promis. »
Il lui adressa un sourire et pendant un instant, c’est comme s’ils étaient seuls au monde. Comme si plus rien autour ne bougeait. Il pouvait sentir leurs respirations se mêler, entendre chaque pulsation de son cœur, chaque mouvement de cils qu’elle pouvait faire. Ce n’est qu’une fois la tornade Tom arrivé dans la pièce qu’il cligna des yeux et se décala du comptoir.
« Allez cowboy en voiture ! »
Tom embrassa rapidement sa mère et s’élança vers la porte et rejoignit la voiture en moins de secondes qu’il ne fallait pour dire son prénom. Kaleb se mit à sourire et il le suivit, ce n’est qu’une fois arrivé à la porte qu’il se tourna vers Allie.
« J’ai été content de te revoir Allie. »
Il lui sourit et lui lança un regard rempli d’affections et de souvenirs. Puis il poussa la porte et rejoignit Tom dans la voiture où il était déjà confortablement installé du côté du passager. Il referma la portière et ils partirent dans un élan de fumée.
Allie Dewez Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Sam 5 Juin - 1:38
Elle aurait aimé que pour une fois les choses se passent comme dans ces films à l’eau de rose qu’elle aimait tant. Non parce qu’elle avait un penchant pour le dramatique mais parce que cela la libérerait d’un poids. Elle le sentait au creux d’elle quelque chose la retiendrait toujours d’avouer la vérité, cette même chose qui l’avait empêchée de retraverser le pays pour le retrouver quand elle avait appris qu’elle était enceinte de lui. Elle voulait qu’il voit, qu’il sache au premier coup d’œil qu’elle n’avait jamais cessé de l’aimer, que sa présence ici en était une preuve suffisante mais surtout elle voulait qu’il pose son regard sur Thomas et que la certitude l’ébranle. Ne le sentait-il pas ce lien si particulier qui les unissaient tous trois ?
Visiblement non mais elle se garda bien de montrer tout signe du trouble qui l’envahissait. Elle se trouvait parfaite comédienne avec son doux sourire alors qu’elle le détaillait tranquillement. Kaleb avait une âme noble. Malgré la violence des derniers mots qu’ils avaient échangés il n’hésitait pas à faire plaisir à un gosse qu’il n’avait jamais vu et avec lequel il ne se sentait aucune attache particulière. Elle connaissait déjà peu d’hommes qui s’occupaient de leurs enfants alors en voir un qui agissait de manière totalement désintéressée ça la dépassait. Et ça lui ressemblait tellement. Il avait été la famille qu’elle n’avait jamais eue, au creux de ses bras elle s’était toujours sentie invincible et elle se demandait quelle folie avait pu lui faire croire que quitter un tel abris était une bonne idée. Elle avait couru après des rêves qui n’étaient même pas siens et n’en avait réalisé aucun. Elle avait tout perdu. Elle secoua la tête pour indiquer que rien ne la dérangeait, incapable de prononcer la moindre syllabe sans trahir les sanglots qui bloquaient sa trachée. Dieux ce qu’elle aurait voulu retrouver le refuge qu’était le creux de sa nuque.
Et il y eut cet instant de grâce où elle crut que tout était possible, quand il lui sourit et qu’elle crut qu’ils pouvaient à nouveau partager quelque chose. Elle eut l’impression de fondre comme du sucre sous la langue. C’était comme qu’ils partageaient les mêmes pensées, chargées de regrets et c’était comme marcher sur un fil si tenu que la peur qu’il ne se rompe lui tordait les entrailles dans tous les sens. Si elle se penchait simplement cinq centimètres en avant elle savait qu’elle toucherait du bout des doigts la sérénité car elle flotterait à nouveau dans les effluves de son aftershave. Combien de bouteilles de ce parfum bon marché avait-elle vidé sur ses oreilles et ses couettes pour s’emmitoufler dedans avec la sensation qu’il l’étreignait ? Elle se rendait compte avec effarement qu’elle n’avait fait que vivre dans son souvenir.
Elle se pencha pour embrasser son fils mais elle eut tout juste le temps d’effleurer sa joue ronde tant il bouillait d’impatience. Il était sur le point de réaliser un de ses rêves. Pour le moment il n’avait fait que rêver devant des vieux westerns. A New York il était impossible de trouver ce genre de paysage dénaturé de superficialité. Elle l’avait bien emmené dans central park pour faire un tour de manège mais il avait été pris d’une crise de larmes inconsolable lorsqu’il avait vu les poneys en rond sur une piste triste et recouverte de purin. Ils avaient le poil terne et le regard vide et tout ce qui faisait la magie des chevauchées avait été tronquée. Elle ne l’y avait plus jamais emmené.
« Oui moi aussi. » Elle fut satisfaite de la façon dont sonnèrent ces mots. Ils avaient l’air sincères mais emprunts d’un certain détachement ce qu’elle croyait préférable. De quel droit pouvait-elle à nouveau débarquer dans sa vie et se pendre à son cou ? Elle avança prudemment sur le seuil de la boutique pour les voir s’éloigner, complètement bouleversée par leur rencontre. Longtemps après que le pickup eut disparu elle se trouvait toujours là, immobile, à laisser ses larmes glisser sur ses joues librement. Mais elle savait bien qu’il lui faudrait bien plus que quelques perles salées pour laver ses fautes. « Je t’en supplie viens me chercher… »
***
« Whooo ! » Le nez collé à la vitre Thomas découvrait de ses petits yeux le ranch de la famille Hawkins, une noble propriété qui n’avait faut que prospérer. Tout le long du trajet il s’était tenu bien droit sur son siège, un sourire fendant son visage en deux, fier de se trouver aux côtés d’un de ses héros. Car Kaleb devait être comme ces personnages dans les films qu’il admirait tant. Doué de l’instinct naïf de l’enfance il avait tout de suite su qu’il pouvait lui faire confiance et d’une certaine façon il avait également été touché par les différents sentiments qui avaient agités les traits familiers de sa maman. Il ne l’avait jamais vue ainsi. En fait il la trouvait bien trop triste et il l’entendait trop souvent pleurer, lorsqu’elle croyait qu’il dormait à poing fermé. Quelque chose clochait dans sa petite famille mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.
Il sauta du véhicule à peine celui-ci arrêté et se mit à courir dans tous les sens, observant avec curiosité tout ce qui était à sa portée. Il devait lever le nez pour voir les cowboys le saluer du haut de leur monture et le visage rouge de fierté il répondait à leur salut en effleurant lui aussi le bord de son petit chapeau. Il devenait un homme il le savait. « Hey je peux aller vo-… » Il tomba nez à nez avec une vieille femme et s’immobilisa aussitôt. Comme Kaleb elle respirait la confiance mais dérouté par son regard rieur et la façon dont elle le scrutait il l’observait en coin, le bout du nez planté vers le sol en se tortillant sur place.
« Bonjour toi d’où tu sors ? » « Je suis un cowboy ! » « Je vois ça. Tu viens donc nous aider ? » Le petit reporta son attention sur l’homme qui veillait sur lui puis hocha la tête gravement. « J’ai tout plein de muscles… » « Ohhh bien bien… Je vais vous laisser travailler alors et quand vous aurez fini il y aura du lait et des cookies tout chauds… » « Cooooooool… » fit le gosse en bondissant vers le paddock où s’ébrouaient de jeunes étalons. Le cowboy voulu le suivre mais la vieille femme le rattrapa par la manche et planta son regard rieur dans le sien. « D’où vient-il ce bonhomme ? »
Kaleb Hawkins Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Mar 8 Juin - 2:31
Il y a des choses qu’on regrette dans la vie. Une multitude de choses. Certaines sont passagères, éphémères, d’autres sont ancrés en nous. Elles nous collent tellement à la peau que le simple fait de respirer, de vivre, est difficile. Le simple fait d’avancer devient un regret. Le nombre de regret de Kaleb dépassait la moyenne qu’un homme pouvait avoir. Mais parmi tous ses regrets, un surpassait tous les autres tellement il lui avait bouffé sa vie et consumé son cœur. A présent qu’il essayait d’avancer, ce regret venait de le fouetter en pleine face. Sans le prévenir. Ou peut-être était-ce un remord. Et puis, regret, remord, qu’elle était la différence ? Dans les deux cas on ne faisait que souffrir…
Ses mains crispées sur le volant, il scrutait la route. La présence à ses côtés était silencieuse, il pouvait imaginer les étoiles dans ses yeux. Il avait eut les mêmes étant gosse. Les mêmes. Son regard se posa sur Tom et il le détailla, un œil sur la route, un œil sur lui. Il lui était familier. Oui bien sûr il était le fils d’Allie et ça répondait peut-être à toutes ces questions mais il lui était vraiment familier. Il avait l’impression de se retrouver dans son regard, dans ses mimiques. Peut-être que ce n’était que les regrets après tout. Peut-être se voyait-il en lui car au fond, il aurait aimé qu’il puisse voir quelque chose de lui en ce petit être. Celui d’Allie. Il y a 5ans, il aurait tout donné pour ça. Tout.
Et maintenant il aurait tout donné pour qu’elle ne revienne jamais. Pour que jamais il n’ait à revivre ça. A ressentir ça. A se dire que peut-être, peut-être il aurait pu avoir une vie avec elle, que peut-être Tom aurait pu être le sien et qu’ils auraient vécut ensemble, heureux, à la ferme. Pour toujours. Il aurait tout donné. Pour ne jamais la revoir. Pourtant son cœur criait son nom. Et il le faisait taire à coup de poing en pleine poitrine. Et puis il voyait le visage de Marianne et il se rappelait à quel point il pouvait l’aimer et à quel point elle était là, que jamais elle ne partirait et ne le ferait souffrir. Et ça apaisait toutes ces peurs, toutes ces inquiétudes. Elle était là.
Les freins grincèrent dans la terre et il coupa le moteur, certains cowboys se retournèrent vers la voiture et le saluèrent d’une main. Il les regarda et les salua à son tour avant de regarder le bonhomme à ses côtés sauter hors de la voiture pour courir de partout. Un sourire se fendit sur son visage et il resta quelques instants dans la voiture, comme s’il était coincé entre le passé et le présent. Le futur était si flou à présent. Après quelques secondes d’incertitude, il se résout enfin à sortir de cette immersion. La porte claqua derrière lui et il suivit le gamin qui était à présent en compagnie de Mamé. C’était la première sur qui il ne voulait pas tomber, car il aurait à s’expliquer. A lui présenter. Et c’est tout ce qu’il ne voulait pas faire. Il savait à quel point Allie avait compté pour Mamé. A quel point elle avait compté pour lui.
Les mains dans les poches il s’approcha des deux et les regarda en souriant. En oubliant la situation, il aurait pu penser que c’était le contact entre une grand-mère et son petit fils. Il viendrait le temps où Mamé sera arrière grand-mère, le temps où il sera père. Mais ce n’était pas encore. Ce n’était pas avec lui. Pas avec elle. Alors que Tom rejoignait les chevaux, il en profita pour s’enfuir loin de Mamé pour qu’elle ne lui pose aucune question mais c’était sans compter sa curiosité légendaire et son entrain surprenant. Même après toutes ces années de dur labeur, elle était toujours aussi vigoureuse.
« De la boutique Nosty Rosty. » Lui répondit-il comme si cette simple réponse allait suffire. Il sentit la prise de Mamé un peu plus insistante et il ne put détacher son regard de Tom.
« C’est le fils d’Allie. » Sa voix était neutre, comme s’il annonçait qu’une poule avait encore pondu un œuf. « Allie ? Tu veux dire… » « Allie est revenue. »
Mamé resta un moment interdite, elle assimilait la nouvelle à son rythme. Il ne lui fallut que quelques secondes avant que son visage ne s’illumine d’un large sourire. Elle avait toujours aimé Allie. Même après son départ, elle n’avait pu croire qu’elle était partie de son plein gré. Pourtant si, elle était bien partie d’elle-même. Il ne l’avait pas poussé. Il n’avait même pas eut le temps de la retenir. La main de Mamé se fit plus douce sur son bras et elle se colla contre lui.
« Qui est le père ? » Elle tourna son regard vers lui et il laissa son regard dans le vague, ses yeux posés sur Tom pour le surveiller. Il souleva ses épaules. Voyait-elle à travers lui ? A travers ses doutes ?
« Qu’importe. » Ce n'est pas lui. Elle laissa un blanc et reposa son regard sur le garçon, ses yeux rivés sur le cheval devant lui. Elle avait beau être vieille et discipliné, elle avait l’impression de revoir Kaleb petit en regardant Tom et cette impression ne faisait que s’agrandir au fur et à mesure qu’il souriait. Et si elle comptait bien il ne devait avoir que dans les cinq ans. Cinq ans. Ça faisait beaucoup de coïncidences. Une seule de plus et elle allait penser des choses qui étaient peut-être réelles mais que Kaleb aurait du mal à entendre.
« Alors pourquoi tu l’as amené ici ? » « Parce qu’il rêvait de voir les chevaux. »
Mamé hocha la tête et se tut alors que le petit revenait vers eux.
« Alooors on va les voir ces chevaux ? »
Tom était si content d’être là. Kaleb se mit à sourire et posa sa main sur l’épaule du garçonnet avant de lancer un regard vers Mamé.
« A tout à l’heure, n’oublies pas les cookies, j’en connais un qui va être affamé ! » « Oh pas que moi ! Toi aussi tu vas l’être ! » « Oui moi aussi. »
Les deux garçons se mirent à sourire et ils s’élancèrent vers les boxes de chevaux. Mamé les regarda avec tendresse et suspicion. Aujourd’hui il allait lui montrer son cheval. Aujourd’hui il le laisserait rentrer dans sa vie comme dans son cœur. Et ce soir il essayera tant qu’il pourra de le repousser hors de son cœur, il sera impossible pour lui de se résoudre à vraiment le laisser hors de sa vie. Car ce soir, les doutes se feront plus intenses, les questions plus nombreuses, les colères plus présentes et l’avenir plus incertain. Ce soir, tout changera.
Allie Dewez Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Mar 8 Juin - 23:28
De ses petits doigts il touchait la barrière en bois, le regard rivé sur chaque détail. Il avait plissé le nez, encore peu habitué à l’odeur de la ferme mais l’on voyait bien à son regard et son sourire qu’il venait de réaliser un de ses rêves. Il avait l’impression qu’il n’aurait jamais assez de l’après midi pour tout découvrir et ses membres le démangeait tant il voulait partir à l’aventure dans cet univers à la fois connu et mystérieux pour lui. Il sautilla quelque fois sur place ; alors que l’agitation battait à son comble puis il revint en trottinant aux côtés des deux adultes. Tout de suite les choses avaient collé avec Kaleb, en quelques minutes il avait réussi à s’attirer une admiration sans bornes de la part du petit Thomas. Il fallait dire qu’il incarnait son rêve et qu’il lui avait donné beaucoup d’importance en le laissant s’assoir à ses côtés dans le camion. Il n’était pas comme « Maman » qui le traitait encore comme un bébé et s’inquiétait pour tout.
Il manqua de se décrocher la mâchoire tant il souriait quand le cowboy posa sa main sur son épaule et il cala ses poings contre ses hanches comme il avait vu l’homme le faire. Il n’en doutait pas c’était un truc de mec, de vrai dur ! Même la vieille femme le regardait de cette façon qui vous rend important et sur les talons de Kaleb il n’oublia pas tout de même de lui faire un signe de la main. Certaines choses ne s’inventent pas. Thomas avait l’impression de se fondre dans le décor et ce n’était pas pour rien. Il était fait pour cet endroit. Né de l’union de deux abrutis trop aveugles pour voir qu’ils étaient destinés l’un à l’autre.
Avec l’aide de Kaleb il grimpa sur une barrière et les fesses calés sur un équilibre précaire il se laissa absorber par la scène qui avait lieu sous les yeux. Bien que violente elle n’éveilla en lui s’émerveillement. Un étalon se tenait au centre du paddock, sa robe luisante de sueur et tâchée de terre ocre. Tout dans sa posture indiquait qu’il défiait les hommes qui essayaient de le faire marcher au pas. Certains d’entre eux essayèrent de s’agripper à son encolure mais il les envoyait tous dans le décor. Tous sauf un. Kaleb avait sa façon bien à lui de gérer les choses. D’un pas traînant il s’approcha de la bête et c’est avec douceur et fermeté qu’il réussit à s’imposer. Tenant bon malgré les ruades il imposa son poids à l’animal qui fini par se lasser de ruer et se laissa mener où bon lui semblait. Quand on souleva Thomas pour le poser sur le dos du cheval il crut que son petit cœur allait exploser de joie. Fier il saluait d’un geste de la main effleurant son chapeau toutes créatures vivantes qu’ils croisaient.
Plus tard on le trouva concentré à se balader avec une petite pelle calée contre son épaule. Il aida Kaleb à nettoyer les box des chevaux sans jamais se plaindre, conscient de l’importance de sa tâche et buvant les paroles de celui qui l’initiait. Ils s’occupèrent également de nourrir les animaux et malgré ses bras qui le tirait il porta son seau sans jamais rechigner ni souffler. Il n’acceptait pas l’aide de son nouvel ami, il voulait lui montrer combien on pouvait compter sur lui. Quand une poule lui picora le doigt il ne put cependant pas refouler ses larmes et trouva refuge dans les bras puissants de Kaleb. C’était le premier des copains de sa maman qu’il aimait bien. Les autres avaient été de vrais crétins. Et ils faisaient trop souvent pleurer Maman.
« Tu n’as pas faim ? » « Oh si ! » « Alors file te laver les mains je te retrouve à la cuisine. » Comme une fusée le gamin s’élança à travers la ferme. Essoufflé et les joues rouges il déboula aux côtés de Mamé. La cuisine embaumait le gâteau et il inspira à fond. Allie n’était pas très douée pour la cuisine et sa grand-mère raffolait de ces trucs sans goût appelés des « chuchis » comme disait Thomas. « Alors bien travaillé ? » « Je suis trop dégonflé. » « Il va falloir recharger les batteries alors. Tiens prends… Du lait tout frais. » « Il a un drôle de goût. » ricana-t-il. « Tu n’aimes pas ? » « Si. Les cookies aussi j’en ai jamais mangé des vrais. Maman les achètent toujours en boîte. » « Comment va ta maman ? » « Je crois que grand-mère lui sort par les trous des oreilles. » Ce fut au tour de Mamé d’éclater de rire. « Oui j’en doute pas. » « Ah tiens voilà mon autre homme… Installe-toi grand ténébreux. » Le regard pétillant elle couvait du regard celui qu’elle considérait plus comme un fils qu’un petit fils. Elle pressa son épaule entre ses doigts noueux avec affection et poussa l’assiette pleine de biscuits en face de lui. Pour son instinct de vieille femme il n’y avait pas vraiment eu de doute, dés le premier regard elle avait deviné qu’il existait un lien entre les deux hommes. Restait à faire éclater la vérité. « Tiens regarde Tom tu peux tartiner ça sur tes cookies. C’est mon pêché mignon. Ils sont encore chaud ça va faire fondre le be-… » « Non je peux pas. » « Ah oui ? » « Je suis allergique. Aux cracachides. Caca… Craca… Bah j’ai pas le droit quoi. »
Kaleb Hawkins Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Mar 15 Juin - 1:53
Rien n’avait plus d’importance que les étoiles dans les yeux de Tom. C’était fou comme il était entré si rapidement dans sa vie. Comme s’il le connaissait depuis des années. Comme s’il l’avait vu grandir. Comme s’il était son père. Mais c’était le contraire de tout ça. Tom était un étranger pour lui. Le fils d’Allie, absente depuis cinq ans. Cinq ans bordel, comment arrivait-il à faire comme si rien de tout ça n’était arrivé ? Comment arrivait-il à laisser entrer ce bonhomme dans sa vie comme ça ? Les questions étaient tellement nombreuses pourtant, pour une journée, il décida de ne penser à rien d’autre qu’au bonheur de Tom. Juste pour aujourd’hui. Réaliser son rêve, il n’y avait que ça qui pouvait compter.
Alors toute la journée, il l’emmena avec lui, lui montrant les différents chevaux de la ferme, lui apprenant tout ce qu’il y avait à savoir en étant un cowboy. Pendant une journée il oublia que Tom était le fils d’Allie. Et pendant une journée il trouva en lui une fibre paternelle caché tout au fond de son être. Une fibre qu’il n’aurait jamais crue présente. Pas vers un enfant qui n’était pas de lui. Il n’était pas prêt à être père, il le savait, il l’avait avoué à Marianne. Pourtant. Pourtant avec Tom s’était différent. C’était naturel. Trop.
Le petit garçon s’élança jusqu’à la cuisine et Kaleb resta quelques minutes à l’extérieur, le regard vague, les mains dans les poches. Il avait passé une très bonne journée. C’est comme s’il redécouvrait la vie de cowboy, comme s’il avait un but. Et il avait fallut attendre le fils d’Allie pour ça. Leurs souvenirs le happèrent soudainement et il serra la mâchoire pour les faire aussitôt partir. Il avait mit trop longtemps à oublier, il ne voulait pas à nouveau souffrir de son retour. Après quelques minutes, il prit à son tour le chemin de la cuisine et s’arrêta quelques secondes dans l’entrebâillement de la porte pour les regarder avant de se faire rappeler à l’ordre par Mamé. Silencieux, il s’assit sur le tabouret de la cuisine et jeta un rapide regard vers Tom avant de s’attaquer à ses biscuits, le nez figé sur son assiette. Il ne faisait plus attention aux deux autres, perdu dans ses pensées. Ce n’est que lorsqu’il attendit allergique que son regard se leva presque immédiatement vers le petit. Le deuxième mot lui eut pour effet de le faire avaler de travers. Le petit morceau de biscuit avait du mal à passer dans sa gorge tout comme cette révélation inattendue. Il se mit à tousser bruyamment pour libérer sa gorge et respirer à nouveau normalement mais même sans les cookies dans sa bouche, il aurait de toute façon du mal à digérer la nouvelle.
Mamé se précipita alors vers lui et lui tapa le dos pour qu’il arrive enfin à se libérer. Le cookie descendit violemment et il déglutit avec peine. Bordel ! Ça ne pouvait pas être vrai. C’était une coïncidence il en était sûr. Après tout, bon nombre de personnes étaient allergiques au beurre de cacahuètes, il n’y avait pas que lui. Non il n’y avait pas que lui. Il y avait Tom. Et ça chamboulait toutes ces questions. Tout.
« Ca va ? »
La voix fluette de Tom lui arracha un sourire pour le rassurer et il attrapa le verre de lait avec engouement pour le boire d’une traite.
« Oui ça va ne t’inquiètes j’ai juste avalé de travers. On va y aller Tom. » Le gamin hocha la tête, légèrement déçu de devoir quitter le ranch et il descendit du tabouret. Mamé enferma quelques cookies dans une serviette qu’elle lui tendit.
« Tiens pour manger avec maman. »
Tom, ravi, s’empara de la serviette et il sourit à la vieille dame qui lui ébouriffa les cheveux.
« Va prendre ton chapeau Tom, je t’attends dans le pick-up. »
Tom partit comme une fusée dans le salon et il s’élança à son tour vers la porte mais il fut retenu par Mamé. A quoi s’attendait-il ? C’était quasi sûr qu’elle ne le laisserait pas filer comme ça.
« Tu dois lui demander. » « Quoi ? » « A Allie. » « De quoi tu parles ? » « Voyons Kaleb, tu sais très bien de quoi je parle, cinq ans, tes yeux, fan des cowboys, allergique au beurre de cacahuètes… ça fait beaucoup de coïncidences. » « Je ne suis pas le seul à être allergique au beurre de cacahuètes Mamé ! » Avait-il répondu sèchement. « J’en mettrai ma main à couper. »
Kaleb secoua la tête d’énervement et il se détacha de son emprise pour rejoindre le pick-up où Tom l’attendait déjà. Mamé resta dans l’entrebâillement de la porte et fit un signe de main à Tom qui le lui rendit en souriant. Il était comme chez lui à présent. Comme chez lui. Kaleb ouvrit la portière et se hissa sur le siège avant de démarrer. Tant de questions. D’incertitudes.
Tom n’arrêtait pas de parler, il se refaisait la journée et Kaleb ne bronchait pas, souriait à chacune de ses phrases, juste pour lui montrer que rien ne clochait. Tom lui demanda plusieurs fois de revenir avec lui mais il ne répondit rien. Que pouvait-il répondre ? Le pick-up s’arrêta devant la maison de la mère à Allie et Tom descendit en même temps que lui. Allie sortait déjà de la maison et Tom se rua sur elle. Avant de le suivre à son tour, Kaleb inspira une grande bouffée d’air et il prit tout son courage. Il allait lui en falloir. Tom racontait déjà à sa mère tout ce qu’ils avaient fait de la journée alors que Kaleb s’approchait, les mains dans les poches, le regard rivé vers le sol. Il avait besoin de savoir. Il croisa finalement le regard d’Allie et resta de marbre, comment avait-elle pu lui cacher ça ?
« Tu pourrais nous laisser quelques minutes seuls Tom s’il te plait ? » Demanda-t-il finalement quand il eut finit de raconter sa journée.
Le gamin regarda sa mère puis Kaleb avant de se ruer sur lui et d’entourer de ses petits bras frêles la taille du géant. Surprit, il entoura à son tour le petit garçon. Tom lui murmura merci avant de se décaler et de partit à l’intérieur de la maison. Il resta un instant surprit bien après qu’il soit partit puis il fit signe d’un mouvement de tête à Allie de le suivre. Il attendit qu’ils soient assez loin de la maison pour prendre enfin la parole.
« Qui est le père ? » Lâcha-t-il soudainement alors qu’il se retournait vers elle. Il devait savoir.
Allie Dewez Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Mar 15 Juin - 22:55
« Où est Thomas ? » Brusquement tirée de ses pensées par la voix autoritaire et sèche de sa mère, Allie mit quelques secondes à réaliser que c’était bien à elle que l’on s’adressait et un temps supplémentaire à réfléchir à la réponse qu’elle allait apporter. La discussion qui ne manquerait pas de suivre lui filait déjà mal au crâne. « J’ai croisé Kaleb à la boutique. Et Tom voulu visiter son ranch. » « Et tu l’as laissé partir avec un étranger ? » Allie tiqua sur la phrase, d’une part car elle avait l’impression qu’on remettait en cause sa capacité à être une bonne mère et d’autre part… « Kaleb n’est pas un étranger pour moi Maman. Je te ferais remarquer qu’il a été mon petit ami pendant plus d’un an et que je passais des semaines entières au ranch. Et qu’il ne m’est jamais rien arrivé de mal là-bas. » Elle marqua une pause pour reprendre son souffle, furieuse de devoir ainsi se justifier mais également que sa mère, après tout ce temps, n’ait encore rien compris. « En fait, il ne m’y est arrivé que du bien. J’avais une famille. Des gens sur qui compter. Qui me comprenait et… » « Oh je t’en prie cesse cette comédie. C’était des braves gens mais ils ne t’ont pas réellement aidée. Regarde-toi. Tu avais un avenir si brillant. Tu aurais pu épouser un médecin ou un avocat. Tu t’étonnes de ne jamais avoir eu de relation sérieuse en cinq ans ? Mais qui voudrait d’une femme qui a déjà été salie par un autre ? » « C’est de mon enfant que tu parles ! » « Ca ne change rien… » Et sur ce Madame Dewez tourna les talons dans son tailleur impeccable, vérifiant d’une main que son chignon était toujours en place. Elle descendit l’allée et prit sa voiture pour se rendre à l’un de ses innombrables cocktails, laissant sa fille seule avec ses doutes. Allie erra comme une âme en peine dans la maison. Elle n’était jamais séparée très longtemps de Thomas et en son absence elle ne savait plus trop quoi faire d’elle. Ces dernières années elle ne s’était guère accordé de plaisirs, sentant qu’en le privant de père elle le privait de quelque chose d’essentiel. Elle s’était donc appliquée à être la meilleure mère possible, refusant de marcher sur les traces de la sienne. Elle aurait donc pu profiter de ce moment de paix pour s’épiler le maillot ou faire une sieste mais elle se contentait de fixer bêtement l’allée du jardin, espérant voir un pick up s’y garer et une tête blonde en surgir. Elle s’y attendait tellement qu’elle ne réagit même pas quand ce fut le cas et seul le bruit d’une portière qu’on claque la ramena à la réalité. Comme un robot à qui on a changé les piles elle se mit de nouveau en mouvement.
Elle plia les genoux et ouvrit les bras juste à temps pour réceptionner son fils. Alors elle l’emprisonna de ses deux bras jusqu’à presque l’étouffer et nicha son visage au creux de sa petite nuque, respirant l’odeur doucereuse de sa transpiration mêlée à celle du foin et des animaux. Déjà il se lançait dans son babillage, expliquant point par point ce qu’il avait fait de sa journée mais elle ne l’écoutait pas vraiment, elle s’abreuvait de son sourire et de la lueur qui brillait dans ses yeux. Rarement elle l’avait vu aussi enthousiaste et quelque chose en elle se brisa quand elle en comprit la raison. Sans qu’aucun des deux ne le sache père et fils s’étaient trouvés, compris et acceptés. Et elle était la raison pour laquelle ils avaient été si longtemps séparés. Comment pouvait-on faire une telle chose ?
« Ecoute va te laver les mains et te débarbouiller le visage. Tu peux jouer dans ta chambre encore un moment mais après ce sera l’heure d’aller te coucher. » D’un hochement de tête il approuva et sans que personne ne le lui demande il se jeta sur Kaleb pour le remercier. Troublée par le lien qui s’était formé entre eux en si peu de temps Allie croisa ses bras contre sa poitrine, essayant de se protéger des sentiments qui faisaient rage en elle. Comme une automate elle suivit le jeune homme un peu plus loin dans la rue. Des tas de phrases tournaient dans son esprit et dans son idéal l’orage se serait déchaîné pour qu’ils puissent s’embrasser goulûment à l’abri d’un arbre.
« Quoi ? » fit-elle saisie par sa question. C’était pourtant tout Kaleb. Il n’y allait jamais par quatre chemins. Prise en défaut elle fronça les sourcils et s’accrocha d’avantage à son maillot. « Je ne crois pas que ça te regarde. » Elle n’était pas prête à le lui annoncer et encore moins de cette façon. Dans l’idéal elle aurait voulu qu’il apprenne à connaître l’enfant sans se sentir piégé. Puis ils auraient joué à la petite famille jusqu’à ce que la vérité ne puisse plus être niée. Mais dans son esprit il ne la regardait pas de cette façon, pas avec toute cette avalanche de reproches prête à lui tomber dessus. « Tu m’excuseras je dois rentrer maintenant. »
Kaleb Hawkins Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Mer 16 Juin - 1:49
C’était la première fois depuis cinq ans qu’il se retrouvait seul en sa compagnie. Alors qu’il s’éloignait de la maison, il sentait une boule se former au creux de son ventre. Comme autrefois. Comme quand elle était encore populaire et qu’à chaque fois qu’elle venait lui parler, il ressentait ce malaise. Ce malaise d’appartenir à deux mondes différents. Et si ce malaise avait disparut au fil de leur relation, il était encore bien présent aujourd’hui. Car à présent, elle était une étrangère. Et ils avaient deux mondes définitivement bien différents. Il remarqua sa gêne de lui répondre et resta silencieux quand elle répliqua que ça ne lui regardait pas. Elle avait raison dans un sens. Oui mais et lui ? Ne lui devait-elle pas la vérité ? Juste une explication ? Non… et puis… non.
Oh et puis merde ! Sa main accrocha son bras quand elle fit mine de repartir et sous ce contact, elle fut attiré à quelques centimètres de lui. Il aurait pu lui dire toutes les bonnes raisons qu’il avait de croire qu’il était de lui. Toutes les bonnes choses qu’ils pourraient faire ensemble. Père et fils. Il avait toutes les bonnes raisons de croire qu’il était son fils. Alors pourquoi niait-elle ? Pourquoi ne voulait-elle pas lui dire qu’il était de lui ? Ou d’un autre. Après toutes ces années, il ne lui demandait rien de plus. Juste la vérité. Pourquoi elle était partie, pourquoi elle revenait, pourquoi elle n’avait pas appelé, pourquoi elle l’avait abandonné. Tout ça était du passé à présent. Il ne lui demanderait pas. Il voulait juste savoir pour Tom.
« Il est allergique au beurre de cacahuètes bon sang ! » Lâcha-t-il en haussant la voix alors que son emprise sur son bras se faisait plus pressante. C’était un besoin urgent. Il avait vraiment besoin de savoir. Ou il deviendrait fou. Il aurait toujours des doutes et ça le consumerait. Il y a aura toujours cet espoir fou qu’il soit de lui. Fou, ça oui.
Sous son regard, il desserra sa main et lâcha son bras, comme s’il venait de se rendre compte de son geste. Il avait agit impulsivement, comme à chaque fois que quelque chose le touchait de près. Comme à chaque fois que quelque chose tournait autour de sa tendre et douce Allie. Il était facile d’affronter le présent. Le passé, lui était plus destructeur. Car on connaissait déjà comment allait se finir les choses. Le présent c’était l’inconnu, ou le connu bâtit sur des paroles. Le passé, c’était sa vie à reculons, une porte grande ouverte sur soi-même. Et qui aimerait vivre dans l’introspection ? Personne.
« Tu as juste à me dire que ce n’est pas le mien. Que tous ces signes ne sont que coïncidence, son âge, sa passion pour les cowboys, son allergie… même son prénom est une chose de plus qui nous appartient. »
Thomas. Thomas Clancy. C’était le nom de l’auteur de ce fameux bouquin. Ce bouquin par quoi tout avait commencé. Eux, leur relation, leur amour, leur séparation, et puis le vide. Et voilà que maintenant elle donnait ce prénom à son fils. Il y avait de quoi douter non ? Tom. Il se souvenait encore de ses bouclettes blondes quand il l’avait percuté dans la librairie. De son regard inquisiteur et de son sourire enjôleur. Il se souvenait encore de son parfum qui empourprait ses joues rosées. Il se souvenait des moindres gestes, des moindres paroles, des moindres souffles. Il se souvenait de tout. Se souvenait-elle ? Du futur qui s’ouvrait à eux.
A présent il n’y avait plus que le passé.
Les méandres du passé.
« Tu as juste à me dire la vérité Allie. » Souffla-t-il son regard ancré dans le sien.
Il y avait tellement à sauver. Tellement à pardonner. Et pourtant il y avait si peu d’opportunités. Elle avait juste à dire un mot. Un seul. Oui. Non. Un seul qui déterminera les années à venir. Ou tout simplement les secondes. Un seul mot. Un mot. Et tout changerait.
Allie Dewez Admin
Messages : 51 Date d'inscription : 24/05/2010
Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Ven 18 Juin - 1:54
C’est à qu’elle se dit d’avoir accepté cet après-midi d’escapades était une mauvaise idée. Elle ne pouvait pas faire face à tout ça. Elle avait cru que le temps et la distance avait fini par régler certaines choses mais à se retrouver là en face de lui elle comprenait qu’elle était toujours cette même adolescente follement amoureuse. C’était comme grimper sur des montagnes russes et ne pas prendre la peine de refermer la barre d sécurité. Elle n’avait qu’à se cramponner à ses émotions. Et c’était ce qu’elle faisait. Sous l’amour, la terreur, l’envie, le désir et le désespoir jouaient au yoyo. Bon dieu est-ce qu’il ne pouvait pas juste la prendre dans ses bras et l’étouffer ?
Elle se sentie agrippée et cru que ses prières avaient été entendues mais il cherchait seulement à l’empêcher de fuir et elle sous le coup de l’émotion elle sentait son cœur battre à mille à l’heure. Et s’il lui tenait le poignet de cette façon il ne pouvait pas ignorer son pom pom frénétique. Bordel elle avait l’impression qu’il allait se décrocher de sa poitrine. Et il y avait son odeur, et la chaleur de son corps, si proche que la proximité en était troublante et qu’elle lui faisait monter le rose aux joues. Elle avait chaud, elle avait froid, elle tremblait, ses jambes étaient du coton et elle ne pouvait aller plus loin. Et surtout elle voulait glisser ses mains sous… STOP !
Tressaillant elle porta soudain son regard sur lui, essayant de se défaire de sa poigne d’acier. Mais elle avait autant de force qu’un moustique voulant se défaire d’une toile d’araignée. Bon sang il avait gagné en force. Elle se mordit la lèvre en pensant aux autres changements qui n’avaient pas du manquer de s’opérer en lui après cinq années de dur labeur dans les champs. Ce n’était juste pas le moment de fantasmer.
Libérée de sa prise elle recula vivement de quelques pas, comme piquée au fer rouge. Elle massa son bras endolorie et sembla seulement réellement mesurer la portée de son geste. Jamais il n’avait osé lever la main sur elle ou n’avait montré un quelconque signe de violence, chose qu’elle ne pouvait pas assurer pour ses anciens petits amis, et ce fut comme si quelque chose se brisait en elle. Pas parce qu’il lui avait fait mal mais à cause de la signification d’un tel moment. S’il pouvait en arriver là, c’est que tout ce qui avait pu être entre eux était mort et que ce qu’elle avait pris pour une douce nostalgie tout à l’heure n’était que d’amers regrets. Elle sentit ses yeux se remplir de larmes et elle se maudit d’être aussi faible et qu’il puisse l’atteindre avec autant de facilité. Il n’y avait qu’avec lui qu’elle avait éprouvé sa fragilité et le besoin de ses bras qu’elle avait.
Elle arrivait à peine à soutenir son regard et il était une torture. Il n’était pas là parce qu’il voulait d’elle mais pour obtenir des réponses à ses questions et elle trouvait ça moche. Alors quoi ils deviendraient des parents par intermittence, n’échangeant que les politesses d’usage du type « j’ai mis ce qu’il fallait dans son sac. Bon weekend. » ? Et dire que tout ça était de sa faute, elle avait carrément merdé. Tous ses choix n’avaient été que des erreurs successives.
Le souffle manquant, incapable de prononcer le moindre mot tant les sanglots comprimaient sa gorge, au point qu’on lui aurait cisaillée à l’aide d’un scalpel qu’elle aurait été soulagée, elle se contenta de hocher la tête. Oui il était son fils. Oui elle l’avait appelé du nom de cet auteur qui les avaient rapprochés parce que même à des centaines de kilomètres la seule chose à laquelle elle était capable de penser c’était lui, ses mains, ses lèvres, le confort de ses bras. Oui il avait tout prit de lui, et si peu d’elle au point qu’elle y voyait là sa punition pour avoir fuit. Il était une extension de lui, un symbole vivant de tout ce qui lui manquait dans sa vie. Elle fit un pas en avant, hésitant à s’agripper à lui, le voulant tellement. Qu’il efface ces années de galère, cette grossesse difficile et cette absence qui l’avait rendue creuse. Qu’il comprenne, sans besoin de mots, tout. Absolument tout.
Kaleb Hawkins Admin
Messages : 54 Date d'inscription : 24/11/2009 Age : 34 Localisation : Jacksonville
Le regard ancré dans celui de celle qui était son amante, il resta de marbre quand sa tête hocha faiblement, comme si elle avouait à demi mot la frappante vérité. A ce moment précis, ce fut le vide. Comme si un flot trop important d’émotions se bouchaient le passage, laissant ainsi vide son cœur de tout sentiment. Bordel. Il faisait un rêve, un cauchemar, qu’importe. Il devait se réveiller. Il devait ouvrir les yeux et se rendre compte que rien de tout ça n’était arrivé. Qu’il n’était pas en face d’elle, qu’il n’avait pas passé une après-midi avec un gosse qui était le sien, qu’il ne l’avait pas revu à la boutique ce matin, qu’elle n’était pas revenue, qu’elle l’avait quitté pour toujours. Il fallait qu’il se réveille.
Ce fut quand elle fit un pas en avant qu’il sortit de sa stupeur et réagit enfin. Il recula vivement et porta sa main à son visage, la passant sur la totalité en essayant de réaliser l’ampleur de la situation. Bordel, cet enfant était le sien. Pendant 5ans, elle lui avait caché la vérité. Pendant 5ans, elle avait prétendu ne pas l’aimer, partir loin de lui et faire sa vie ailleurs parce que rien ne la retenait ici. Rien. Pourtant. Pourtant il y avait eut un petit être d’eux deux en elle, comment n’avait-elle pas pu être retenu ? Rien que pour donner une vie de famille semblable à ce gosse ? Rien que pour que Tom connaisse son père. Que Kaleb puisse choisir le prénom avec elle, qu’il puisse être là le jour de l’accouchement, qu’il touche ses petits pieds alors qu’il boit le biberon. Qu’il le voit grandir. Il n’avait pas demandé grand-chose quand elle était partie. Il aurait juste aimé qu’elle lui dise la vérité. Mais c’était un peu trop tard. Il ne pouvait pas lui pardonner comme ça, sur un coup de tête, juste parce qu’elle venait d’admettre, devant le fait accomplie, qu’ils avaient eut un enfant ensemble qu’il découvrait maintenant. Cinq ans plus tard. Cinq ans trop tard.
Il se détourna d’elle alors qu’il liait ses mains sur sa tête et fermait les yeux. Il lui faudrait un long moment avant de réaliser. Il était resté sans rien après son départ. Juste avec les souvenirs de leur histoire passée. Et maintenant qu’elle revenait, il se retrouvait avec un gosse. Il avait mit tellement de temps à enlever ses souvenirs. Un gosse, un gosse ça ne s’enlève pas aussi facilement. Il n’avait pas envie de l’enlever de sa vie. Maintenant qu’il le connaissait il voulait le connaître, rattraper toutes ces années perdues. Il voulait espérer qu’un jour il l’appelle Papa. Papa.
Il sortit de sa stupeur et shoota dans un tonneau non loin de là qui déversa une grosse quantité d’eau. Les larmes étaient coincées au fond de ses yeux mais il ne voulait pas pleurer. Oh non. Il était juste en colère. En colère contre elle, contre ces années passées, contre ces mensonges, ces vérités inavouées. Il était en colère contre lui, contre sa confiance, ses sentiments, son attachement à la ferme. Toutes ces choses qui l’avaient empêché de connaître et voir grandir son propre gosse. Il était tellement en colère, il avait tellement peur, il ressentait tellement de choses qu’il ne savait tout bonnement pas comment réagir. Il aurait envie de crier à la terre entière sa colère, il aurait envie de courir sans s’arrêter, de pleurer dans son lit, de la prendre dans ses bras et d’oublier le reste du monde. De juste la prendre dans ses bras et de tout oublier. Jusqu’à leurs propres noms.
Mais il était en colère contre elle.
Il ne comprenait pas.
Elle le dégoutait.
« Comment… » Sa voix se brisa et il reprit plus fort, plus dur. « Comment tu as pu me faire ça ? Comment tu as pu cacher ça pendant tant d’années Allie ? » Il avait toujours respecté tous ses choix. Mais là il ne pouvait lui pardonner.
« Pourquoi t’es partie ? Pourquoi tu reviens ? Et pourquoi tu me dis ça MAINTENANT après 5 ans ? 5 ANS ALLIE ? Bordel ! J’ai refais ma vie moi ! J’ai refais ma vie et voilà que tu te pointes avec un gosse, mon gosse, notre gosse… » Il tournait, cherchait ses mots, la regardait, regardait au loin, il chuchotait, criait. C’était un condensé de tout ce qu’il avait sur le cœur.
« Tu ne comptais même pas me le dire en plus. Juste parce que je t’ai mis sur le fait accomplie, tu avoues. Mais tu me l’aurais jamais dis. BORDEL ! »
Il shoota une nouvelle fois dans le tonneau à présent vide qui atterrit à quelques mètres de là et il se laissa tomber sur le banc à côté d’eux.
« Putain Allie… » Murmura-t-il alors qu’il plongeait sa tête dans le creux de ses mains.
Allie Dewez Admin
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Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Mer 7 Juil - 14:15
Alors qu’il s’éloignait d’elle elle sentit une larme rouler sur sa joue diaphane qu’elle fut incapable de stopper et qu’elle ne chercha même pas à dissimuler. Elle était sous le choc d’un rejet aussi violent et de la multitude d’expressions qui se faisaient une place sur le visage de l’homme de sa vie. Elle ne savait comment briser son silence, ni si elle était supposée le faire. Elle imaginait bien que la nouvelle devait être difficile à assimiler, même s’il avait eu tout l’après midi pour confirmer ses doutes. C’était une chose de soupçonner, s’en était une autre de savoir avec certitude. Refermant ses bras autour de ses côtes elle se mit à frissonner malgré l’ambiance doucereuse de cette fin de journée. Elle sursauta violement lorsqu’il chouta dans le tonneau, peu habituée à le voir réagir de cette façon. Elle savait qu’elle était en faute mais elle ne pouvait pas s’empêcher d’espérer être pardonnée. Après tout ils ne pouvaient pas aussi facilement faire une croix sur leur passé non ?
Accusant le coup elle le voyait tourner en rond et cracher tout ce qu’il avait sur le cœur. N’arrivant pas à lui couper la parole elle se contentait de le fixer tandis qu’il faisait pleuvoir les reproches sur elle. A cet instant précis elle aurait eu envie de mourir tant elle se sentait minable. Accablée par ce qu’il disait ses ongles se plantèrent dans sa peau et elle se mordit si fortement la lèvre qu’elle sentit le goût métallique du sang sur sa langue et qu’elle en eut la nausée. Puis l’orage passa et il se retrouva prostré sur le banc, l’expression de son visage invisible à son regard. Pouvait-elle rompre les quelques mètres qui les séparaient pour glisser sa main dans son dos et le réconforter ? Elle en mourrait d’envie mais elle n’avait pas cette force. Pas plus qu’elle ne s’y sentait autorisée. Un long silence fini par s’installer entre les deux jeunes gens, lui toujours prostré et elle essayant de lutter contre la vague de sanglots qui l’étouffait. Trouver les mots justes pour expliquer son geste elle en était incapable. Elle devrait se débrouiller avec ce qui viendrait mais serait-ce suffisant ? Comprendrait-il ?
« Je… Je voulais le dire mais je ne savais pas comment. Quand je t’ai vu à la boutique tout à l’heure je ne savais tout simplement pas comment réagir et glisser ça entre deux commandes d’œufs. Je… »
Elle inspira à fond et ses paupières se clorent d’elles-mêmes tandis qu’elle rassemblait ses pensées et essayait de lui présentait ça sous le meilleur angle. « Je ne l’ai su qu’un moment après être arrivée à New York et j’avais tellement peur. J’étais terrorisée je ne savais pas quoi faire. J’étais toute seule là-bas et je ne connaissais personne. Et je ne savais pas si tu voulais entendre parler de moi encore. Après cette dispute qu’on a eu… » Elle serra les poings, ses ongles plantés dans ses paumes. « On s’est dit des choses tellement horribles tu comprend… Je veux dire… tu n’as jamais essayé de me revoir ou de m’appeler. J’ai attendu à l’aéroport et je ne t’ai pas vu alors j’ai cru que c’était définitivement perdu. J’ai décroché le téléphone un milliers de fois. Mais les mots ne voulaient pas sortir. Je ne voulais pas affronter le fait que tu puisses ne plus vouloir de moi. Et plus le temps passait et plus c’était difficile. Ca avait de moins en moins de sens. Et j’avais honte. Tellement honte de m’être trompée à ce point… » Elle tairait n’avoir jamais, même du bout des doigts, touché son rêve. Elle tairait son appart minable et le mal qu’elle avait eu à joindre les deux bouts. Pas un mot ne filtrerait sur le poids qui pesait sur ses épaules quand il fut malade ou qu’il fallut se battre pour lui trouver une école. Elle ne dirait jamais qu’ils mangeaient des pâtes et encore des pâtes, parce que c’était tout ce qu’elle arrivait à payer. Quel sens cela pouvait-il avoir pour lui ? « Je voudrais bien effacer tout ça et recommencer à zéro mais je ne peux pas. Tout ce que je sais c’est que je n’ai jamais pu t’oublier. Je n’ai existé qu’avec toi. Et je suis tellement désolée de ne pas avoir été là quand ton père est mort. Je me déteste de ne pas avoir su que ma meilleure chance c’était toi. J’ai couru après des rêves qui n’étaient pas les miens. J’étais complètement paumée et j’ai perdu pied. Bon sang c’était effrayant d’aimer à ce point, j’avais l’impression de me perdre. Je voulais exister pour moi pour une fois, et pas à travers quelqu’un. C’était stupide parce que je ne suis complète qu’avec toi et… Thomas… C’est la seule chose que je ne regrette pas. C’est un enfant merveilleux. Si tu savais à quel point il te ressemble. S’en est douloureux. Je t’ai dans la peau quoi que je fasse… » La dernière phrase avait été soufflée péniblement, presque inaudible.
« Je n’ai pas d’excuses mais j’espère que tu comprendras… »
Kaleb Hawkins Admin
Messages : 54 Date d'inscription : 24/11/2009 Age : 34 Localisation : Jacksonville
Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Dim 1 Mai - 0:45
Son monde s’était arrêté. Il ne savait plus comment il était censé réagir, respirer, vivre. Il avait perdu toute notion de réalité. Cette révélation n’était pas une nouvelle quotidienne qu’on entend à la radio ou qu’on lit dans le journal, non c’était une chose qui allait le marquer tout le reste de sa vie. C’était une incroyable, invraisemblable révélation qu’il avait du mal à assimiler, à digérer. Car elle arrivait trop tard. Ou trop tôt. Il n’était pas préparé. Du tout. Comme il n’avait pas été préparé à la retrouver, encore moins à finalement découvrir qu’il avait un fils. Depuis 5ans. Ses mains tremblantes se joignirent alors que sa tête était toujours penchée. Il fixait le sol comme si c’était la seule chose stable à présent. Et pourtant il le sentait se dérober sous ses pieds. Il se sentait partir en vrille. Comment allait-il pouvait continuer sa vie après ça ? Comment allait-il pouvoir tout bonnement vivre différemment maintenant ? Et Marianne dans tout ça ? Putain. Il n’était pas prêt.
Il sursauta légèrement quand elle prit la parole et il resta immobile, comme impossible pour lui de faire le moindre geste, de la regarder, de voir à travers ses yeux tous les mensonges qu’elle lui avait caché, toute la vérité qu’elle lui avouait à présent. Elle débitait un flot de paroles incompréhensible qu’il était impossible pour lui de comprendre et d’assimiler. Il ne voulait pas regretter, il ne voulait pas souffrir plus qu’il ne l’avait fait pendant ces 5 dernières années. Toutes ces excuses, ses révélations ne remplaceraient pas les dernières années de vide et d’abandon qu’il avait ressentit. Ils ne pourraient jamais revenir en arrière. Pas même avec un gosse entre eux à présent. Il ne pouvait pas tout oublier parce qu’elle lui avouait enfin qu’elle n’aurait jamais du partir. Alors pourquoi l’avait-elle fait bordel ? Il ne l’aurait jamais abandonné lui. C’était si dur à comprendre qu’elle avait été la femme de sa vie et qu’elle avait choisit de le laisser tomber. Ce n’était pas lui qui était en tord. Mais bien elle. Rien qu’elle.
Pourtant il sentait les regrets l’envahir, les remords. Toutes ces choses qui vous bouffent de l’intérieur. Il aurait du arriver plus tôt à l’aéroport. Il aurait du se battre pour elle, l’empêcher de partir. Il aurait dû lui faire entrevoir leur futur, la vie qu’ils pouvaient avoir. Qu’ils auraient du avoir. Il s’en voulait d’avoir été si faible, de n’avoir été un homme. De ne pas être allé la chercher quand il en mourrait d’envie. Elle avouait l’avoir aimé plus qu’il n’aurait pu l’imaginer, elle avouait ne jamais l’avoir oublié, n’avoir été complète qu’à ses côtés pourtant il restait insensible à ses paroles. Elle disait tout ce qu’il avait rêvé d’entendre depuis tout ce temps pourtant il n’arrivait à la croire. Il ferma les yeux quand elle lui avoua que Tom lui ressemblait tellement. Il aurait aimé être là à sa naissance, quand elle était enceinte, quand il a prononcé pour la première fois « maman ». Il aurait aimé être là. Elle l’avait privé de tout ça. Elle l’avait privé de son propre fils. Comment pouvait-il lui pardonner ? Comment pouvait-elle s’attendre à ce qu’il lui pardonne ? Qu’il la comprenne ? Non il ne la comprenait pas. Du tout. Il aurait tout fait pour la retrouver, tout fait pour elle et elle avait été incapable de revenir pour lui présenter son propre gosse. Comment était-il supposé comprendre ça ?
Il resta un instant silencieux, l’entendant renifler à ses côtés alors qu’elle attendait certainement un mot, un geste de sa part. Il ne pourrait plus continuer sa vie. A cet instant précis, elle prenait un tout nouveau tournant. Il devenait quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui à présent avait un gosse. Et ça change énormément une vie. Elle ne pouvait pas lui demander ça. Lui demander de la comprendre. II se leva rapidement et passa sa main sur son visage alors qu’il regardait au loin, le soleil s’était couché, il n’avait pas d’échappatoire, pas de porte de sortie, c’était bien la vraie vie, il n’allait pas se réveiller d’un rêve, d’un cauchemar, qu’importe le terme. Il serra sa mâchoire à s’en faire mal, essayant de retenir les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Il ne voulait lui montrer que ça le touchait au plus profond de lui. Même après toutes ces années, il ne restait indifférent à elle. Mais ces paroles arrivaient cinq ans trop tard. Il n’était plus dévoué entièrement à elle à présent. Il y avait Marianne. Il ne pouvait pas l’oublier d’un claquement de doigt. Il ne pouvait pas l’abandonner comme Allie avait fait envers lui. Marianne méritait mieux. Marianne était son présent. Et son futur.
« C’est trop tard Allie. Trop tard. » Lâcha-t-il finalement alors qu’il fixait le ciel sans se retourner. Affronter son regard était la dernière chose qu’il voulait. Pourtant. Pourtant il en fut obligé quand il se tourna vers elle.
« Pendant des années j’ai attendu, que tu reviennes, que tu m’appelles, que tu m’envoies une lettre. Pendant des années j’ai cru… j’ai espéré… » Il aplatit son chapeau sur sa tête et se mordilla la lèvre, effaçant toutes les déclarations qu’il aurait pu lui faire.
« Mais j’ai refais ma vie. Tu ne peux pas arriver comme ça après tout ce temps. »
Il la regarda comme si toute la misère du monde était sur leurs épaules. C’était si dur d’avoir essayé de l’oublier mais encore plus d’essayer de ne plus le faire. Il souffrait d’avantage alors qu’elle était si porche de lui. Alors qu’un « eux » existait et qu’il était à présent au courant. C’était si douloureux.
« Je ne veux pas que Tom sache. Pas maintenant. C’est trop tôt. Il faut que j’y voie plus clair. » Sa voix était sans appel. Elle pouvait au moins faire ça pour lui. Après tout ce qu’elle lui avait caché, elle pouvait bien garder ça pour elle encore un peu. Qu’il ait le temps d’y réfléchir, de se faire à l’idée d’être père, de l’annoncer à Marianne et d’en subir les conséquences qui allaient en découler.
Il lui lança un dernier regard et détourna rapidement les yeux d’elle alors qu’il rejoignait sa voiture. Il ne supportait plus d’être à ses côtés. Il avait besoin de s’enfuir. Comme elle l’avait si bien fait.
Allie Dewez Admin
Messages : 51 Date d'inscription : 24/05/2010
Sujet: Re: I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me. Dim 1 Mai - 2:12
Elle ne savait où elle avait trouvé la force de tout avouer mais c’était enfin fait. Pour autant elle ne se sentait pas soulagée, sentant toujours la menace qu’étaient de telles révélations. Ses choix étaient incompréhensibles, même pour elle, alors comment pouvait-elle les rendre crédibles à ses yeux ? Sitôt prononcés ses mots lui étaient apparut désuets et elle avait lutté contre l’envie de fuir. Elle ne pouvait supporter le jugement qu’il porterait sur elle. Il pourrait la traiter de menteuse et il aurait raison. Elle n’avait fait que mentir. A son fils. A l’homme qu’elle aimait. Et pire encore elle s’était mentit à elle-même, essayant de se persuader qu’elle pouvait seulement vivre sans lui. Comment seulement expliquer toutes ces années qu’elle avait passées en apnée, avec cette impression d’être une étrangère ? Elle avait vécu mais sans vivre réellement. Il lui était impossible de se reconstruire sans lui. Mais ça elle ne pouvait pas lui dire. Elle le comprit au moment où il posa son regard sur elle. Inspirant une goulée d’air qui lui brûla la gorge, elle se tint droite alors qu’il osait enfin poser à nouveau son regard sur elle. Ce qu’elle vit dans ses prunelles lui fit mal. Il se sentait trahi. Pire que ça, il devait la détester. Elle lui avait fait tant de mal, et elle venait de réveiller à nouveau les douleurs du passé. Le silence n’aurait-il pas été préférable ? Elle se dit que non. Il avait été facile de lui résister tandis que les kilomètres les séparaient. Maintenant elle était sans volonté et sans force. Elle avait envie de baisser les bras. Pourquoi revenir ici ? La réponse s’imposa d’elle-même. Parce qu’elle avait tout foiré. Elle avait été incapable de s’en sortir seule. Malgré ses luttes incessantes elle avait fini par perdre. Tout perdre. Amour, rêves, fierté. Tout avait été piétiné par une ambition qui n’était même pas la sienne.
Elle sentit un vague d’abattement la saisir alors qu’il énonçait que tout était fini. Trop tard… Elle aurait du savoir qu’il y avait une date d’expiration à l’amour. Cela n’avait rien de ce sentiment qu’on disait capable de traverser le temps. Il finissait par s’éroder sous l’usure des années. Il devenait imparfait, malvenu, et complètement étranger. Elle le voyait maintenant, si elle avait reconnu Kaleb chez ce géant, elle n’avait su se l’approprier pour autant. Il demeurerait à jamais un étranger pour elle. Et pour autant tout était-il de sa faute ? S’il l’aimait toujours pourquoi avait-il attendu comme un crétin que ce soit elle qui fasse le premier pas ? N’avait-il pas compris qu’elle peinait à prendre les décisions par elle-même ? Avant de le connaître elle n’était qu’une image factice, reflétant ce qu’on voulait qu’elle soit. Elle s’était affranchie de ça grâce à lui, mais jamais complètement. Elle n’avait eu de cesse de vouloir gagner l’amour de sa mère qui s’était mis en tête de désapprouvé tous les choix de sa fille. Allie comprenait maintenant que c’était ses propres erreurs que sa mère avait tenté de rattraper à travers elle.
Vaincue elle baissa la tête alors que la vérité s’imposait à elle. Elle n’avait plus sa place dans la vie de Kaleb. Il avait accepté son absence et était passé à autre chose. Elle pouvait se révolter contre cet état de fait, il n’en demeurait pas moins tangible. L’horreur la prit alors qu’elle l’imaginait dans les bras d’une autre. Elle ne pouvait croire qu’une autre femme était entrée dans sa vie. Elle détestait déjà cette femme. Elle la détestait si elle savait le rendre heureux et le tenir éloigné d’elle. Elle ne voulait pas qu’il puisse sourire sans qu’elle soit à ses côtés. Ni qu’une autre boive dans la tasse qu’elle affectionnait tant et que Mamé lui réservait toujours. Mamé… Comment pouvait-elle seulement oublié la femme qui avait tout été pour elle ? Elle ne devait le miracle d’être devenu une femme qu’à elle seule.
Elle plia devant sa volonté et ne réussit qu’à produire un faible hochement de tête. Sans qu’elle puisse les retenir les larmes coulèrent sur ses joues rondes. Sans plus de retenue elle se laissa tomber dans l’herbe alors que la voiture de Kaleb s’éloignait à toute vitesse. Elle avait tout perdu.
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I died inside the night you left me. But I lived, while you loved me.