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 Memories 1

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Allie Dewez
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Allie Dewez


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Date d'inscription : 24/05/2010

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MessageSujet: Memories 1   Memories 1 EmptyJeu 3 Juin - 0:11

7 ans et quelques poussières plus tôt


Je considérais avec l’âme d’une exploratrice avide de découverte le restaurant dans lequel je me trouvais. Pas vraiment le genre d’endroit que j’avais l’habitude de fréquenter, moi l’habituée des boîtes de nuit et des bars branchés qui ne servaient pas de cocktails à moins de dix dollars. Pourtant un parfum de quiétude y flottait et je m’y étais aussitôt sentie à l’aise. Je me laissais choir avec une certaine volupté sur les grosses banquettes de skaï, laissant à peine dépasser le sommet de mon crâne du dossier et contemplait avec des yeux ronds l’agitation qui régnait dedans. L’odeur de nourriture frite et de tarte à la noix de pécan emplissait mes narines et creusait mon appétit mais je faisais de mon mieux pour taire les grognements de mon estomac. J’étais jolie, ce que beaucoup s’accordaient à dire mais je n’arrivais jamais à me débarrasser des rondeurs enfantines qui alourdissaient ma silhouette et pour cette raison j’étais maintenue à une diète stricte par ma mère. J’enviais donc quiconque pouvait tremper son nez dans un milkshake.

« Qu’est-ce que je vous sers les loulous ? » La serveuse était de ces femmes qu’on ne voyait que dans les films. Aussi épaisse que grande, elle n’avait pas été gâtée par la nature et pourtant se dégageait d’elle une bonhommie qui lui attirait la sympathie de tous. Je devinais sans peine que l’ambiance ne serait jamais la même si elle venait à disparaître. Je lui offris un sourire auquel elle répondit avec franchise et je me sentis fondre sur mon siège. Oui on se sentait vraiment bien ici.

« Darling ? »
« Hum… » Rappelée à l’ordre je plongeais de nouveau le nez sur le menu et cherchait avec un certain désespoir quelque chose qui n’était pas cuit dans l’huile. Sachant qu’on attendait quelque chose de ma part je sentais l’anxiété monter en moi à mesure que les secondes s’écoulaient.
« Bon un double cheeseburger avec frites. Un milkshake à la banane et une tarte à la noix de pécan. Fois deux. » On me retira d’autorité la planchette en plastique des mains et la serveuse s’éloigna avec un soupir de soulagement en secouant la tête. Contrite je m’étais un temps avant de relever la tête. Jamais je ne m’étais sentie aussi intimidée en présence de qui que ce soit. Mais lui je ne savais tout simplement pas par quel bout le prendre.

Alors que je plongeais avec plus d’attention dans la contemplation des traits de son visage je m’étonnais moi-même de ne pas l’avoir remarqué plus tôt. Car quand on passait le stade des bottes en peau de serpent et du jean ajusté… Mamamia… Il était une sorte de dieu grecque incarné en plein milieu de la cambrousse et destiné à garder un troupeau de vaches plutôt que de jeunes vierges en furie. Un véritable gâchis, ne cessais-je de me répéter en mon fort intérieur. Avec une certaine gourmandise je détaillais ses yeux clairs bordés de cils long et épais qui dévoilaient un regard franc et troublant. J’avais déjà repéré cette façon qu’il avait de sourire en se mordillant la lèvre comme s’il hésitait à laisser exploser son hilarité. J’adorais les boucles brunes qui dansaient dans sa nuque et par-dessus tout j’avais une envie folle que ses grandes mains posées sur la table en formica prennent possession de moi. Qu’est-ce que j’y pouvais ? Je n’étais qu’une faible femme désarmée devant le mythe du cowboy. Foutue Malboro et ses campagnes incendiaires !

« Je crois qu’il faut que je te remercie. Tu me sauves la vie avec cette histoire de livre. C’est comme si tous les exemplaires avaient disparus de la terre. Qui ça intéresse vraiment au fond ? »
« Tu ne l’a jamais lu ? »
« Pourquoi ? La télé est une invention formidable. »
« Oui le Titanic est un vrai chef d’œuvre… »
« Un film plein de bond sens. Et ce n’est pas sympa de se moquer comme ça du sacrifice de ce pauvre Jack. »
« Combien de fois tu l’as vu. »
« Quatre… » Répondis-je d’une moue boudeuse. Et je gardais pour moi les centaines d’autres fois.
« Ouais… Et bien ça… » Me dit-il en désignant du menton l’ouvrage posé entre nous. « Ce n’est rien comparé aux petits malheurs de Jack. Ce truc là m’a fait comprendre pas mal de choses… »
« Tu es gay ? »
« Quoi ? » Il cilla, tant ma question était abrupte.
« Tu sais romantisme… littérature… Brock Back Moutain. » Le film à l’époque n’était pas encore sorti mais aux Etats-Unis le livre était connu et reconnu depuis longtemps.
« Non. » Il me vrilla avec ses pupilles bleu clair et je su que c’était la stricte vérité. En même temps je n’aurais pas apprécié qu’il aime les hommes. J’aurais eu l’impression d’être victime d’une farce. On ne pouvait pas être sexy et en même temps une cause perdue pour les femmes.


« Mais je m’intéresse à autre chose qu’au vernis et aux talons aiguille. »
Cette fois je me rencognais dans mon siège avec vivacité et croisait les bras, boudeuse. On me renvoyait souvent à cette image de la jeune fille superficielle et même si j’avouais l’être, je détestais qu’on me le jette à la figure. Sans doute parce que je n’aimais pas ce que j’étais. Mais je ne savais pas non plus ce que je pouvais être d’autre, je n’existais qu’à travers les projets qu’on faisait pour moi. Ma mère voulait que je porte une robe bleue, ma robe pour le bal de fin d’année serait un fourreau qui répondrait à ses exigences. Elle croyait bon que je m’investisse dans la vie du lycée ? J’étais une pompomgirl apprécié mais peu douée. Ce qui me sauvait c’était mon petit cul rebondi et mon énorme poitrine. Je ne possédais aucune grâce réelle pour la danse et faire des simagrées avec des pompom me rendait presque névrotique. Pourtant je ne pouvais prendre la décision d’arrêter d’autant plus que si je le faisais je perdrais cette place si en vue en haut de l’échelle de popularité et qui fendait en deux le visage de ma mère tant son sourire était éclatant.

Heureusement pour nous deux aucun ne du se forcer à reprendre la conversation car deux paniers venaient d’être déposés devant nous, ils dégoulinaient de frites grasses et au milieu trônait un énorme hamburger. Je comptais mentalement les calories et mon esprit s’embrouillait. J’en avais le vertige mais la première bouchée m’arracha un gémissement de contentement, la seconde manqua de me tuer et à la troisième je devinais que c’était là une drogue dont j’aurais beaucoup de mal à me passer. Je l’engloutissais à coup de bouchées énormes que je faisais passer avec des rasades de coca.

« On dirait que tu n’as pas mangé depuis dix ans… »
« Ché-a-peu-pré-cha… » Marmonnais-je la bouche pleine et les yeux pétillants. Je freinais tout de même mon enthousiasme et croquait dans mes frites du bout des dents.
« Okay donc… premier chapitre… »

Je crois m’être perdue à un moment dans notre discussion. Nous ne faisions pas qu’éplucher le livre, nous partagions des moments que notre lecture nous rappelait par échos. Bon nombre de mes incertitudes je les retrouvais chez lui mais je trouvais également une sérénité que j’étais loin d’éprouver. Je ne savais pas ce que je deviendrais une fois fini l’âge d’or du lycée. Lui savait déjà ce à quoi il était destiné et je trouvais que ça avait quelque chose de rassurant. Je me rendis compte également qu’il avait un humour mordant. Et il n’était définitivement pas gay puisqu’il trouvait chaque occasion pour plonger dans mon décolleté. Chaque fois cela me faisait monter le rose aux joues et j’essayais de balayer ma gêne par des éclats de rire. Seulement je n’avais pas la voix claire et raffinée de certaines de mes amies et je me sentais encore plus maladroite avec mes accents éraillés. Au fond je crois que j’adorais la littérature. J’en étais même certaine…
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